À l’heure actuelle, les envois de viandes rouges océaniennes sont de plus en plus dirigés vers les pays asiatiques. En Europe, ils sont limités par des droits de douane prohibitifs au-delà des contingents existants. Mais en cas de libéralisation des échanges, « les fortes disponibilités et la plus grande compétitivité des filières océaniennes ainsi que la valorisation supérieure des pièces les plus qualitatives sur le marché européen, impliquent des risques très élevés », avertit une étude commanditée par le ministère de l’Agriculture, dans la perspective d’une ouverture imminente des négociations d’accords commerciaux entre l’UE et l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Des envois opportunistes de viande ovine
La Nouvelle-Zélande bénéficie d’environ 80 % du contingent européen de viande ovine mais ne le remplit plus intégralement. « Lui accorder un accès supplémentaire ne signifierait donc pas s’exposer à des volumes additionnels chaque année mais augmenterait en revanche ses possibilités d’envois opportunistes pour écouler des surplus (hausse conjoncturelle des abattages, fermeture d’un marché asiatique…). Or des arrivées massives de viande ovine lors du pic de production au 1er semestre pèseraient sur le prix et seraient particulièrement dommageables pour la filière française dont le pic de production est également autour de Pâques. »
« L’Australie dispose d’un accès beaucoup plus restreint et limitant : son contingent spécifique à droit nul est aujourd’hui systématiquement rempli. Si on lui accordait un volume à droit nul supplémentaire, il serait vraisemblablement rempli chaque année ou presque. »
Moutons au pâturage en Nouvelle-Zélande, Ile Sud. High country. © Valérie Scarlakens/GFA
Impact sur la valorisation des bovins allaitants
« En viande bovine, compte tenu du caractère aujourd’hui limitant des contingents tarifaires, et de la faible part qu’ils représentent dans le disponible export océanien, tout volume supplémentaire accordé à droit inférieur ou égal à 20 % à la Nouvelle-Zélande et/ou à l’Australie serait vraisemblablement rempli systématiquement ou presque. Cela affecterait les prix européens des pièces les plus nobles qui pèsent lourd dans la valorisation des carcasses de races à viande. Au-delà de l’aspect volume, l’impact prix pourrait être renforcé si des ouvertures multiples de contingents (États-Unis, Mercosur…) conduisaient à davantage de concurrence entre fournisseurs. »