« J’ai voulu visiter cet élevage de poulets standards dans un moment calme, sans que ce soit une réponse par exemple à une intrusion, car il faut que les journalistes voient ce que c’est que la réalité à un autre moment que dans une crise », explique Nicolas Quillet, préfet de la Sarthe, accompagné de son DDPP, Christophe Mourrieras. Pour celui-ci, « voir des éleveurs qui aiment leur travail et le font bien comme ici, c’est mon quotidien. À côté de nos actions de contrôle, nous avons aussi une mission d’accompagnement. »

Au niveau départemental, les services de l’État réfléchissent d’ailleurs à la manière de prévenir des intrusions mais aussi des vols en élevage, sur les modèles développés en Vendée par exemple.

Voir aussi :Intrusions et agressions — Les députés s’attaquent aux antispécistes (13/11/2019)

« Nous agissons pour le bien-être animal »

Le mercredi 13 novembre 2019, Nicolas Quillet avait donc convié la presse dans un élevage de trois bâtiments de poulets Le Gaulois, celui de Sébastien Tronchet.

« Pour moi, la pression de l’agribashing est plus lourde à supporter que les investissements. Nous ne sommes pas des pollueurs ni des tortionnaires des animaux », affirme l’éleveur. Il vient d’ailleurs de réinvestir 90 000 € pour installer des fenêtres et réduire les densités dans le cadre de la démarche « Nature d’éleveur » mis en place par le groupe LDC.

« Nous agissons pour le bien-être animal, avec la lumière du jour mais aussi l’enrichissement du milieu avec des ballots de paille, des pierres à picorer et avec cette litière de pailles en granulés qui leur laisse les pattes lisses, sans pododermatite », fait remarquer Sébastien Tronchet, qui laisse également un fonds musical permanent.

Le meilleur moyen de savoir, c’est de venir voir comment les animaux sont réellement traités.

Nicolas Quillet, préfet de la Sarthe

« Vous voyez pourtant les volailles au pire moment puisqu’elles sont en train de faire leurs plumes et ont l’air dégarnies, mais regardez comment elles se comportent, votre présence ne les empêche pas de manger, de boire, de grimper », pointe l’éleveur en s’adressant aux journalistes.

Les consommateurs ont le droit de savoir

Pour Gilles Huttepain, les consommateurs ont le droit de savoir comment les animaux sont élevés, non seulement en France mais aussi là d’où proviennent celles qui sont importées dans l’Hexagone. « Je suis étonné que les welfaristes ne s’interrogent pas sur les produits d’importation alors que les conditions sont bien différentes. Ici, un gros élevage, c’est 40 000 animaux. En Ukraine, c’est 1,8 million d’animaux, cela n’a rien à voir. Nous respectons toutes les règles et le filet français est à 4,8 € alors que le filet ukrainien est à 2,4 €. Si l’affichage de l’origine est bien visible dans les rayons des supermarchés, le problème c’est la restauration hors domicile. » Et de lancer aux visiteurs : « Vous tous, vous avez forcément déjà mangé ces poulets importés. » Il espérait l’obligation d’étiquetage dans toutes les situations, attendue en octobre mais que le ministère de l’Agriculture a désormais reportée à mars ou avril.

« Le meilleur moyen de savoir, c’est de venir voir comment les animaux sont réellement traités, même si nous savons qu’il y a forcément des gens qui font moins bien », conclut le préfet en affichant le badge « volaille française ».

Yanne Boloh