Depuis le début de septembre, une cinquantaine de brebis pâturent sur une dizaine d’hectares de l’immense plateau de Brabois, sur les hauts de Nancy, dans la Meurthe-et-Moselle. Elles sont aidées par deux chèvres, qui s’attaquent aux ronces et aux plantes ligneuses délaissées. Ces animaux appartiennent à Romain Kern, agriculteur à Pulligny, une commune située à une vingtaine de kilomètres de la capitale lorraine.

« La démarche proposée par la chambre d’agriculture m’a tout de suite séduit, en raison de son intérêt environnemental et de son impact sur la biodiversité, explique l’éleveur, qui mène une troupe ovine de 430 têtes sur 50 hectares, uniquement en prairie. Les parcelles sont situées dans des espaces sensibles, avec une flore particulière. Avoir de l’herbe gratuitement, c’est aussi un avantage après la sécheresse estivale. La logistique est toutefois un peu compliquée : amener les animaux ici, venir pour la surveillance. »

Brebis et chèvres sont changées de parcelles régulièrement, suivant un plan de gestion prédéfini. Les services techniques du Grand Nancy, la métropole à qui appartient le parc, ont mis en place les clôtures et assurent l’approvisionnement en eau avec des citernes. « L’éleveur doit s’y retrouver dans l’organisation de son travail et, bien sûr, économiquement, souligne Julien Grand, chargé de mission biodiversité à la chambre d’agriculture et qui fait le lien avec les représentants du Grand Nancy. C’est le premier projet de ce type pour la métropole. Il va durer plusieurs années, mais nous en tirerons les premiers enseignements dès que possible. »

Un travail d’équipe

Romain Kern n’est pas d’origine agricole et était auparavant double actif. Il dit apprécier le travail en équipe de ce projet. « Je n’ai pas de parents agriculteurs, pas de famille dans ce milieu, confie-t-il. Je me sens parfois un peu isolé. Cette démarche d’écopâturage me permet d’envisager mon métier différemment, de façon concertée. Il y a aussi le contact avec le public, puisque les chemins du parc sont en libre accès. Les gens posent des questions, s’inquiètent de la préservation des plantes. Certains sont un peu mécontents des clôtures mais, globalement, la présence des moutons est appréciée. »

Dominique Péronne