L’affaire s’est largement propagée : en Allemagne, les chaînes de supermarchés, du « discounter » Lidl au géant Rewe, ont stoppé jeudi la commercialisation des œufs contenant du fipronil, un insecticide qui a été utilisé dans les élevages néerlandais dans un traitement contre le pou rouge. Le ministère allemand de l’Agriculture a estimé dans un communiqué « qu’au moins trois millions d’œufs contaminés » en provenance des Pays-Bas avaient été livrés en Allemagne, dont la plupart ont été commercialisés.

De 3 à 10 millions d’œufs contaminés

Le ministre de l’Agriculture de Basse-Saxe (ouest), le Vert Christian Meyer, avançait, lui, vendredi sur la chaîne ZDF le chiffre de 10 millions d’œufs. Son homologue de la région voisine, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Christina Schulze Föcking, a également dit au quotidien Rheinischen Post qu’il fallait s’attendre à « beaucoup plus d’œufs contaminés, au vu des informations qui parviennent chaque jour des Pays-Bas ».

138 élevages restent fermés

« Il s’est avéré, ces dernières 48 heures, que l’Allemagne est plus touchée » que les autorités ne l’avaient initialement pensé, a ajouté le ministère allemand de l’Agriculture. Selon un nouveau rapport produit jeudi soir par l’organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire, le NVWA, 138 élevages de volailles néerlandais, soit 20 % des élevages, restaient fermés sur les 180 initialement bloqués. « Les œufs provenant d’un élevage en particulier présentent un danger imminent pour la santé publique » selon le NVWA, mis sous pression par les éleveurs dans la façon de gérer le « scandale du fipronil ».

Retrait de la commercialisation par les distributeurs

Albert Heijn, la chaîne de supermarchés la plus importante des Pays-Bas, a « stoppé la commercialisation de 14 sortes d’œufs, suivant les indications » du NVWA. « Tous ces œufs sont renvoyés au dépôt et détruits », a rapporté Els van Dijk, porte-parole de la chaîne, décrivant une « situation inédite » dans l’histoire d’Albert Heijn.

Le groupe de hard-discount Aldi a annoncé vendredi retirer tous les œufs de la vente en Allemagne. Il s’agit d’une mesure « de pure précaution », a précisé le groupe allemand, qui avait déjà retiré de ses rayons en début de semaine les seuls œufs en provenance des élevages concernés aux Pays-Bas.

Le fipronil en cause

À l’origine de l’affaire, des éleveurs de volailles aux Pays-Bas ont fait appel à une société spécialisée pour lutter contre le pou rouge. Cette entreprise aurait employé du fipronil dans son produit, une molécule couramment utilisée dans les produits vétérinaires contre les puces, les acariens et les tiques, et interdite dans le traitement des animaux destinés à la chaîne alimentaire.

En grande quantité, le fipronil est considéré comme « modérément toxique » pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est dangereux pour les reins, le foie et la thyroïde, a indiqué le NVWA. La Commission européenne a déclaré « suivre l’affaire de très près », considérant comme « prioritaires les questions touchant à la santé publique », a affirmé la porte-parole Anna-Kaisa Itkonen à des journalistes jeudi. « Nous sommes en relation permanente » avec les pays touchés, « les élevages ont été identifiés et les œufs infectés sont retirés du marché », a-t-elle poursuivi, arguant que la « situation (était) sous contrôle. »

En Belgique, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire dit avoir lancé une enquête « en collaboration avec le parquet », précisant toutefois qu’aucun des œufs contaminés n’avait été commercialisé dans le pays. En 2016, les Pays-Bas ont produit 10 milliards d’œufs, et 7 millions y sont quotidiennement consommés, selon le quotidien néerlandais AD.

AFP