«À la mi-février, j’ai été contacté par le président de notre groupement de producteurs qui nous demandait de recevoir des représentants d’une association de bien-être animal. Nous produisons du veau sous la mère, en race charolaise, et l’association voulait se rendre compte des conditions d’élevage, particulièrement des veaux. Nous avons immédiatement accepté car il est important de montrer nos pratiques et d’établir un lien de confiance avec les citoyens. J’ai vérifié sur internet à qui j’avais affaire, en l’occurrence Welfarm, basée à Metz. Ce ne sont pas des anti-viande, mais ils militent pour des modes de production respectueux des animaux.

Je les ai reçus le 19 mars. Ils étaient quatre. Je leur ai montré notre grand bâtiment, ouvert sur tout un côté, bien ventilé, ce qui limite grandement les maladies respiratoires. Ils ont ensuite pu voir que les veaux étaient élevés dans de larges box. Leurs craintes portent surtout sur la concentration, mais là, ils ont constaté que les bêtes avaient de la place.

Pas conscients des contraintes

Ces membres de Welfarm nous ont demandé pourquoi vaches et veaux n’étaient pas davantage dehors. Je leur ai répondu qu’en Lorraine, les terres ne sont pas assez portantes. D’où l’obligation de rentrer les bêtes d’octobre-novembre à avril. Ils nous ont alors suggéré de réaliser une aire bétonnée extérieure, en limite du bâtiment, pour que les veaux sortent plus. Je leur ai expliqué que cela impliquait l’installation d’un système de raclage, afin d’être aux normes. Donc des coûts importants, non justifiés pour quelques semaines par an. Leurs questions ont porté aussi sur l’alimentation, issue presque exclusivement de nos cultures, ainsi que sur l’écornage. Nous écornons toutes les femelles, à un jour, avec une pâte acide. Méthode que nous trouvons pratique et la moins douloureuse pour les veaux.

Ces échanges ont été, je pense, instructifs pour ces personnes qui n’ont pas conscience des contraintes réglementaires, ni des impacts financiers de certaines façons de produire. À aucun moment, je ne me suis senti jugé. Il faudrait davantage de portes ouvertes pour le grand public. Cela éviterait bien des malentendus. En revanche, je n’ai pas eu de retour par la suite, je ne sais pas s’ils ont fait état de la visite. »

Propos recueillis par Dominique Péronne