Comme la betterave, les pois et féveroles ont connu ce printemps une arrivée très précoce des pucerons qui a entraîné le développement de viroses et de nombreux symptômes (lire À savoir). Même chose pour la lentille et le pois chiche. Des problèmes similaires avaient été rencontrés en 2007, année marquée aussi par un hiver doux et un printemps chaud. Étant donné les dégâts occasionnés et le nombre de parcelles touchées, Terres Inovia, avec plusieurs partenaires (coopératives, chambres d’agriculture…), a mené une étude pour connaître les virus responsables de ces symptômes et acquérir des connaissances sur l’épidémiologie des maladies virales.

De deux à cinq virus par parcelle en moyenne

Pour cela, 85 parcelles ont été suivies, dont 37 de pois, 16 de féveroles, mais aussi 27 de lentilles et 5 de pois chiches. Neuf virus parmi les plus fréquents sur légumineuses ont été recherchés : le PEMV, le BLRV, le PSbMV, le BWYV, l’AMV, le CMV, le BYMV, le CIYVV et le PeSV.

« Les résultats obtenus montrent que tous les virus recherchés sont présents en France sur pois, féverole, lentille et/ou pois chiche, certains étant toutefois beaucoup plus fréquents que d’autres », explique Terres Inovia. Cela ne semble pas dépendre de la zone géographique, mais plutôt de l’espèce de légumineuse cultivée. Ainsi, trois virus sont détectés dans plus de la moitié des parcelles suivies, quelle que soit l’espèce considérée : le PEMV, le BLRV et le PSbMV. Le BWYV est très fréquent sur pois mais beaucoup moins sur féverole ou lentille. À l’inverse le BYMV, le ClYVV et le PeSV sont très fréquents sur féverole, mais rarement voire jamais détectés sur pois, lentille ou pois chiche. Tous ces virus sont transmis à la parcelle par les pucerons, à l’exception du PSbMV, dont le principal mode de transmission primaire est la semence. Le principal vecteur est le puceron vert du pois (A. pisum) et le puceron noir de la fève (A. fabae), mais aussi le puceron vert du pêcher (M. persicae), en cause également sur betterave.

L’impact de ces maladies vi­rales sur les rendements obtenus cette année ainsi que leur rôle dans les autres stress subis ce printemps (lire encadré) sont très variables selon les différentes légu­mineuses. Cela dépend du ou des virus en cause, du stade et de l’état physiolo­gique des plantes au mo­ment de l’infection. Il semble toutefois qu’à partir de 20 % de plantes touchées, il y a eu une incidence significative sur le rendement, d’autant plus que les symptômes apparaissent avant floraison. Une étude sur la qualité des récoltes est en cours.

Si une telle situation se représente, Terres Inovia conseille de surveiller les parcelles dès le début du cycle, en tenant compte du pourcentage de plantes avec pucerons aux stades précoces (levée 6 feuilles), avec un seuil d’intervention de 10 %. Sur pois et féverole, un pyréthrinoïde autorisé ou Karaté K peuvent être appliqués à ces stades précoces. En cas de présence simultanée de sitones et d’un seuil dépassé, il conviendra de choisir une solution également auto­risée sur sitone.

Isabelle Escoffier