« J’ai encore de l’espoir, car ce sont des personnes de grande confiance qui suivent ce dossier à l’Inao (1), mais rien n’est encore joué », confiait à la mi-mai Patrick Mercier, président de l’ODG (2) du camembert AOP (3) de Normandie, à propos de la possibilité d’interdire la mention « fabriqué en Normandie » sur les fromages. Celle-ci porterait, selon l’ODG, une concurrence déloyale à l’AOP, soumise à un cahier des charges strict.
Devant la justice européenne
Un groupe de travail s’y penche à l’Inao. De fausses informations ont laissé croire, au cours du mois de mai, que ce dernier avait définitivement enterré la mention « fabriqué en ». Il n’en est rien. Toutefois, une nouvelle procédure judiciaire a été lancée devant la Cour européenne dans cet objectif. L’ODG camembert de Normandie jouit aujourd’hui d’une légitimité renforcée pour exiger l’interdiction de la mention, jugée fallacieuse.
Depuis le 1er mai 2017, les troupeaux livrant la filière de l’AOP doivent, en effet, présenter au minimum 50 % d’effectif en race normande. « Il est nécessaire que le dossier camembert avance », nous expliquait l’Inao au début de juin. « L’Inao veut en finir, une fois pour toutes, avec la guerre du camembert. Mais elle aura du mal, les discussions piétinent », constate un observateur.
« Fabriqué avec »
En parallèle du combat juridique entre l’ODG et les fabricants, la FRSEA a toujours défendu le principe qu’un producteur normand doit pouvoir profiter de la « marque » Normandie, AOP ou non. La fédération est ainsi coporteuse d’un projet d’IGP (4) « lait de Normandie », présenté à l’Inao. Il est censé aboutir au remplacement du camembert « fabriqué en » par un camembert « fabriqué avec » du lait IGP de Normandie.
Sauf que les travaux d’IGP au sein de l’Inao s’orientent vers un cahier des charges contraignant sur l’alimentation des vaches, le taux de race normande... Si bien que la FRSEA et l’interprofession laitière normande sont désormais tentées de trouver un autre axe de travail en faveur d’une marque territoriale « Normandie », sur le principe de « produit en Bretagne ». Ce projet, soutenu par la Région, pourrait lui aussi être en butte à l’Inao, comme c’est le cas actuellement pour le porc.
(1) Institut national de l’origine et de la qualité.
(2) Organisme de défense et de gestion.
(3) Appellation d’origine protégée.
(4) Indication géographique protégée.