Le matériel abrité à la ferme du Rondeau, à Lavans-Vuillafans (Doubs), va bientôt rejoindre l’Ukraine, où il facilitera la tâche de la communauté Emmaüs de Nasha Khata, à l’ouest du pays. Bernard Bourdier, agriculteur, et Jean-Pierre Girard, président d’Emmaüs Ornans, s’en réjouissent pour la trentaine de compagnons en grande difficulté qu’ils épaulent depuis 2015. Les deux amis se sont rendus quatre fois sur place, afin d’impulser un projet d’autonomie alimentaire soutenu par Emmaüs Bourgogne-Franche-Comté.
Mise en culture de terres
Bernard Boudier, 62 ans, a été sollicité pour ses compétences en agriculture. « Quand j’ai su que le mouvement attribuait 26 000 euros aux compagnons ukrainiens, j’ai conseillé de développer des projets les impliquant », dit-il. La communauté, qui vit de la vente d’objets collectés (vêtements, meubles), élevait déjà quelques porcs dans cette région de plaines fertiles. D’où l’objectif de l’amener à une activité agricole nourricière « maîtrisable et économique ». Installé en production biologique, « Bernard était l’homme de la situation », considère Jean-Pierre. « Il a fallu veiller à ne pas s’imposer, souligne l’agriculteur. Il s’est d’abord agi de produire l’aliment pour les porcs, qui était jusqu’alors acheté. »
Les deux bénévoles trouvent 5 hectares auprès de la commune. Le financement d’Emmaüs permet de les faire défricher, labourer et de fournir les semences (pois, céréales).Les porcs, la culture de pommes de terre, le potager et le verger mis en place assurent l’alimentation de la communauté et même la vente à l’extérieur. Un atelier de vaches laitières a été lancé. Dans ce pays où « le communisme a tout sectorisé et a coupé la transmission des savoirs, les gens n’ont pas la notion d’assolement », constate Bernard. Un suivi sur deux ans, aux moments clés (semis, récolte), serait nécessaire afin d’asseoir l’autonomie de la communauté.