«J’avais vingt-trois ans. Après une reconversion professionnelle, je venais de commencer un nouveau travail, dans le monde du spectacle, en tant que technicien du son. J’étais ravi. J’avais trouvé ma voie après avoir tâtonné quelques années dans le secteur de la vente et dans l’entreprise familiale d’électronique. J’avais même créé une autoentreprise de sonorisation et éclairage pour travailler les week-ends dans des campings, soirées privées et bals extérieurs. Le bruit, la fête, les relations sociales, tout ça me plaisait. J’étais dans mon élément. Pourtant, quand mon oncle, éleveur allaitant, est décédé brutalement, j’ai pris la décision de quitter le monde de la nuit pour reprendre son exploitation. C’était pour moi comme une évidence. J’étais trop attaché à ces terres, à cette nature, à ces bêtes, à tous ces souvenirs quand, adolescent, je l’aidais pour la fenaison. La reprise s’est faite en douceur. Compte tenu de l’indivision, je n’ai pu reprendre qu’une partie des terres et du cheptel. En parallèle, j’ai enchaîné BPREA (1) et stages, tout en poursuivant les week-ends les animations. Je me suis installé en 2006, à vingt-six ans.

Relations humaines fortes

Petit à petit, j’ai augmenté mon troupeau et j’ai acquis de nouvelles terres. Ce développement m’a amené à arrêter mon autoentreprise en 2008, ne pouvant tout assumer seul. Je ne regrette rien. J’aime mes animaux et cette relation privilégiée que j’entretiens avec eux. Curieusement, le monde du spectacle ne me manque pas. J’apprécie le calme des pâturages, la quiétude de mon village, perché à 600 mètres d’altitude au beau milieu du parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Je ne vis pas ce changement de carrière comme un acte d’isolement. Au contraire. Dès le départ, je me suis impliqué dans de nombreux collectifs : Cuma, groupement pastoral… En ce moment, je suis également actif dans un groupe de travail pour la création d’un syndicat Aubrac en Ardèche. Les relations humaines restent pour moi essentielles.

A trente-sept ans, je suis fier du chemin parcouru. Mon exploitation est dans une belle dynamique. Ma compagne prépare même un BPREA pour s’installer sur l’exploitation. Nouveaux projets, nouveaux rythmes, le spectacle se joue désormais en famille, avec nos aubracs et nos châtaignes.

Propos recueillis par Camille Penet

(1) Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole.