«Nous avons vécu une aventure humaine incroyable. Une chance qui ne se présente qu’une fois dans la vie d’un agriculteur ! Notre ferme a servi au tournage du film Les Folies fermières, de Jean-Pierre Améris, avec Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Michèle Bernier, Moussa Maaskri… Ainsi, en plein confinement, du 12 avril au 2 juin 2020, nous avons accueilli plus de 80 personnes chez nous. Je suis installée avec mon mari à 1 000 m d’altitude sur le plateau de Trizac, où nous transformons le lait de nos 60 vaches montbéliardes en fromages AOP Salers et Cantal. Avec sa grange imposante et sa maison traditionnelle, notre ferme avait été repérée puis retenue parmi cent autres visitées. Cette comédie relate l’histoire d’un éleveur qui monte un cabaret pour sauver son exploitation de la faillite.

« Notre bureau et deux chambres sont devenus les loges de Sabrina, Michèle et Moussa. »

Entre l’équipe du film, “descendue de Paname”, et nous, perdus dans nos montagnes, on pouvait s’attendre à un choc culturel. C’en fut un, mais chacun a eu l’intelligence d’apprendre de l’autre. Je me souviendrai toujours des séances de tournage vécues aux côtés du réalisateur et de Virginie, la camerawoman. Généreux dans le partage de leur métier, tous nous ont véritablement intégrés dans leur quotidien professionnel jusqu’alors méconnu pour nous.

Mon mari, Pierre, plus réticent au départ, s’est lui aussi pris au jeu dès qu’un accord a été trouvé pour concilier le tournage et son travail agricole. En revanche, toute la famille a déménagé dans une maison située dans le bourg et louée par le régisseur Bruno, la nôtre étant investie. Mon époux a appris à Alban la conduite du tracteur. Un moment aussi drôle qu’inattendu. La scène de vêlage, réalisé par Alban mais avec les mains de Pierre en doublure, nous laisse aussi des souvenirs impérissables. Nous échangeons régulièrement par texto et sur les réseaux avec Fred, le producteur, Jean-Pierre, le réalisateur, Bruno, le régisseur principal, les principaux acteurs… Des liens d’amitié forts vont rester avec certains.

Nous avons hâte de voir le film, qui sortira au cinéma en 2022, dans lequel apparaîtront notre ferme, nos vaches, nos chiens… Le réalisateur a gardé le nom de notre exploitation, Le Couderc, et celui du village. C’est une belle promotion pour notre pays et pour le métier d’éleveur. Cette comédie l’aborde avec respect, authenticité et humour. Je ne vous en dis pas plus. »

Propos recueillis par Monique Roque-Marmeys