«Quand l’interprofession nationale bovine m’a sollicitée pour montrer dans un film la réalité de notre élevage charolais, j’ai tout de suite été partante.

Le 8 septembre dernier, une équipe de tournage, composée d’une douzaine de personnes, a débarqué dans notre ferme orientée vers la production bovine et ovine. J’étais prête à les recevoir en toute simplicité. Nous avons partagé un casse-croûte ensemble avant de tourner le petit film destiné à être diffusé sur internet (1). Nous y avons consacré la journée. Toutes les séquences ont été tournées deux fois. Je me suis sentie très libre de m’exprimer. Cela se sent à l’écran.

Le concept du film m’a plu. Il s’agit d’un jeune couple urbain néophyte en matière agricole qui pose des questions à un éleveur. J’ai joué le rôle de ce dernier. Les deux comédiens face à moi étaient très accessibles. Je me sentais à l’aise avec eux. Et puis, avec un micro en main toute la journée, c’est facile de se lâcher.

Le film reste sur des messages très basiques : comment sont élevés et nourris les animaux, qu’est-ce qu’une ferme, une vache allaitante ?

J’aimerais parfois aller plus loin, en parlant d’environnement et de bien-être des animaux. Faire comprendre à certains militants qu’il n’est pas possible d’être éleveur si l’on n’aime pas ses animaux reste difficile.

Je me suis formée

Depuis mon installation, en 1990, j’ai toujours aimé parler d’agriculture. Nous exprimer nous-mêmes sur notre métier, plutôt que de laisser d’autres le faire à notre place m’a toujours paru essentiel. Outre le souhait de partager ma passion pour l’élevage, cela répond aussi à un besoin personnel d’ouverture. D’ailleurs, pour être plus efficace, je me suis formée. J’ai appris à parler en utilisant des mots simples, et à écouter mes interlocuteurs sans me sentir agressée. Même si je peux être blessée ou choquée, je suis capable de garder de la distance et de ne pas réagir en faisant du rentre-dedans. Tous les ans, sur le stand Interbev du Salon de l’agriculture à Paris, je participe aux animations destinées au grand public. Même s’il existe des gens qui critiquent l’agriculture, la majorité perçoit plutôt positivement notre métier. Le tout est d’expliquer ce que nous faisons. »

Propos recueillis par Anne Bréhier

(1) Dans le cadre d’une action de promotion « Les viandes racées ».