Avec sa belle robe alezane, sa crinière claire et sa fière allure, Fuchia de Boigere, deux ans, est une digne représentante du cheval breton. « Elle a été qualifiée pour porter les couleurs de la race au prochain Salon international de l’agriculture », raconte fièrement son propriétaire, Jérôme Charlet, qui élève des juments à Boisgervilly (Ille-et-Vilaine), tout en étant salarié d’une exploitation agricole. Plus fine qu’un cheval de trait – malgré ses 800 kg –, elle concourra dans la catégorie postier.

Expression de la tête, oreilles en pointe, inclinaison de l’épaule, croupe, aplombs… tout a été jugé lors de la compétition qui s’est tenue fin août aux Portes du Coglais. L’essentiel du concours réside dans la présentation de l’animal. Le jour J, Jérôme, vêtu de son habit breton, mène dignement sa jument devant les juges. Un premier passage du cheval au pas permet de jauger l’animal avant de le lancer au trot, au rythme du fouet qui claque au sol, pour mesurer sa force en plein élan. Fuchia de Boisgere est sortie première de sa catégorie, aux côtés de quinze pouliches. Victoire du Bot, sa mère, a eu l’honneur de monter à Paris il y a quelques années.

Passion partagée

En effet, chez les Charlet, le trait breton est une histoire de famille et de passion. Alain, soixante-treize ans, le père de Jérôme, a utilisé ce cheval sur la ferme familiale dès ses quatorze ans. Parti travailler à la ville, il cultivait en parallèle les terres. « À partir de 1978, j’ai commencé à acheter un poulain par an, que j’engraissais pour la boucherie », raconte le retraité. De fil en aiguille, il a acquis une jument, a participé à un premier concours, puis un second. Jérôme l’accompagnait. « Nous avons commencé à remporter des prix, nous nous sommes pris au jeu », reconnaît le quadragénaire, qui sous son apparence bon enfant est un véritable compétiteur dans l’âme. Leur petite écurie compte aujourd’hui six juments et deux étalons.

La présentation au concours est tout un art. Tressage de la crinière, de la queue, tonte des poils autour des oreilles, ferrage des sabots… Il faut compter une après-midi de préparation. Jérôme a appris les techniques de taille du sabot avec les « anciens ». Un vrai savoir-faire ! Et la relève semble assurée. Alan, trois ans, son fils s’entraîne déjà au maniement du fouet.

Isabelle Lejas