Joël Piganiol est un athlète accompli, modeste et réfléchi. Il attribue ses résultats à une préparation physique et mentale rigoureuse en amont des courses. L’homme de quarante-six ans partage sa passion avec sa famille. Cathy, son épouse, et leurs trois enfants, également tous sportifs, l’accompagnent dans ses déplacements pour les grands trails, comme en Corse, puis à la Réunion, en octobre 2018. Passionné et altruiste, l’éleveur, associé avec son frère, est à la tête d’un troupeau de 125 vaches limousines, élu à la chambre d’agriculture et président de la FDSEA du Cantal. Après avoir joué au foot une vingtaine de saisons dans l’équipe locale, Joël est aujourd’hui éducateur à l’école de foot Châtaigneraie-Veinazès. Un sport dont il apprécie « l’expression physique et le collectif. » C’est en 2012 qu’il rejoint le Running Club d’Arpajon, avec un besoin vital de continuer à bouger.

Des courses locales à l’ultra-trail

« Je me suis pris au jeu et surpris moi-même par une capacité et un plaisir à parcourir des distances de plus en plus longues, explique-t-il. Cette discipline permet de puiser dans ses ressources profondes. » L’agriculteur accomplit son premier ultra-trail (1) dans les Pyrénées durant l’été 2015, suivi de celui du Puy-Mary, dans le Cantal, en juillet 2017. L’idée de s’inscrire à la Diagonale des fous, à la Réunion, commence à germer. Cette épreuve de 166 kilomètres avec 10 000 mètres de dénivelé positif sous un climat chaud et humide est un pari téméraire. Cinq mois d’entraînement assidu, dont une préparation mentale par un coach diplômé, précèdent l’atterrissage de la famille Piganiol sur l’île.

Le départ de cette course de folie est donné aux 2 600 participants le 21 octobre à 22 heures. Joël sait qu’il faut partir sur un bon rythme pour franchir dans les premiers un passage rétréci au bout de 17 km. Il y parvient en 270e position. Il verra le jour se lever dans le cirque de Cilaos, enchaîne les foulées et les kilomètres, ne dort que 30 minutes la seconde nuit….

« Ma préparation était bonne et les miens m’ont aidé tout au long de la course », confie-t-il. Les vingt derniers kilomètres seront « euphoriques », avec la ligne d’arrivée franchie en 36 heures et demie, à la 113e place. « Ensuite, nous avons profité de nos vacances, commente celui qui avoue aussi courir comme le terrien qu’il est sur sa ferme : tous les sens en éveil, attentif à tous ces territoires entretenus par l’homme. »

Le trail est une vraie course nature pour l’agriculteur, qui achète une paire de chaussures par an et n’utilise aucun matériel connecté à la mode.

Monique Roque-Marmeys

(1) Course de 80 km et plus.