Contrairement à la Norvège qui impose au moins 40 % de femmes au sein des organes dirigeants des entreprises, l’Espagne privilégie des pistes moins coercitives pour atteindre la parité. La coopération agricole espagnole s’est emparée de cette problématique dès 2010.

25,5 % des associés

Un premier diagnostic, en 2013, a montré que les femmes représentaient 25,5 % des associés coopérateurs, 14 % des présents aux assemblées générales et 3,5 % aux conseils d’administration. Ont été dénoncés la soi-disant incompatibilité de leur disponibilité pour assurer des postes à responsabilité, les processus informels des candidatures dont elles sont exclues et les règles non écrites, menant les femmes à une exclusion de fait, plus qu’une discrimination.

De ce constat, est née l’Association des femmes des coopératives agroalimentaires espagnoles (AMCAE). Elle s’est donnée pour mission de valoriser le rôle économique et social qu’elles jouent dans le secteur agricole et le développement rural. L’association sensibilise les administrateurs des coopératives aux effets positifs de la mixité dans la gouvernance : amélioration de la performance économique des entreprises, de la créativité et de l’adaptabilité au changement. En 2019, 40 coopératives ont lancé des plans d’égalité quadriennaux. Chaque entreprise fixe ses propres axes de progrès et peut s’inspirer d’un guide de bonnes pratiques de 120 pages (lire l’encadré ci-dessous). « Il faut avouer que selon la moyenne d’âge des conseils d’administration, l’intégration des femmes et leur promotion interne est plus ou moins encouragée », constate Jerónima Bonafé, la présidente de l’AMCAE. Plutôt que de « parité », cette dernière et les membres de l’association parlent « d’égalité des chances ».

L’AMCAE forme les agricultrices au management, à la gestion, la communication, au droit rural et des coopératives, et à prendre la parole. Les résultats restent modestes, puisqu’en sept ans, le nombre de femmes dans les conseils d’administration des coopératives est seulement passé à 6,5 %. Cependant, il « a quasiment doublé et qualitativement les résultats sont visibles : les mentalités changent. Les obstacles socioculturels tombent », affirme Jerónima Bonafé. Afin d’en démontrer la faisabilité, chaque année, la coopération agricole attribue un prix « Égalité des chances ». L’an dernier la coopérative « Las Virtudes », 2 800 associés, a été récompensée pour son organisation qui facilite la vie de famille de ses employés, pour la parité de son conseil d’administration et de l’équipe dirigeante, ainsi que pour la création d’un poste dit « promoteur d’égalité » afin d’identifier les autres pistes d’amélioration.

Nadia Savin