Ça l’a pris d’un seul coup. Un jour où Pierre Monteil faisait du tri dans son atelier, il a commencé à créer des sculptures. « J’avais un soc canadien entre les mains et je trouvais qu’il ressemblait à une lune. Je me suis amusé à le souder sur une prise de force et ça m’a paru aller bien ensemble », explique le retraité de 66 ans, souriant avec les yeux d’un enfant.

Depuis ce soir de janvier 2017, Pierre Monteil n’a eu qu’une envie : utiliser toutes les pièces qu’il avait stockées pendant sa carrière d’agriculteur pour concevoir des objets. Il découpe, tort, assemble, repositionne, soude… après le dîner jusque tard dans la nuit. Il est pris d’une frénésie de création. En trois mois, 65 œuvres d’art, mélange de cuivre, d’acier ou d’aluminium sortent de son atelier ! Nicole, sa femme, l’encourage. « Il ne peut pas se poser, il est toujours en train de bricoler ou de jardiner. Il a du goût, autant le mettre à profit ! »

Un atelier bien conservé

La passion de Pierre pour la ferraille n’est pas née d’aujourd’hui. En 1969, il réalise un stage de 15 semaines de mécanique agricole. À l’époque, il est déjà le plus fort en soudure. Puis, il reprend l’exploitation familiale de Saint-Jean-Saint-Germain (Indre-et-Loire), élève un troupeau de vaches allaitantes et ouvre une ferme-auberge en 1997.

En plus de son métier, il rénove son beau corps de ferme tourangeau, fabrique trois tables de 5 m de long pour recevoir ses convives, et tout un tas de choses pour se simplifier la vie… Lui qui rêvait d’être paysagiste, il opère aussi dans son jardin. À côté de splendides massifs fleuris, sur un gazon impeccable, des tuyaux d’irrigation s’élèvent à la verticale, comme des jets d’eau qui s’élancent d’une fontaine.

Mais son endroit préféré reste son atelier. Ce lieu recèle mille et un trésors. Les plus précieux sont entreposés dans un meuble en fer, avec une trentaine de casiers, tous marqués d’une étiquette. « Pendant quarante ans, j’ai rangé chaque pièce mécanique à la bonne place. Je suis content que ça serve aujourd’hui. Je ne pourrais pas vendre mes œuvres, j’aurais l’impression d’être dépouillé ». Mais à force de créer, le butin de Pierre a fondu comme neige au soleil. Aujourd’hui, il parcourt les brocantes et les ferrailleurs pour obtenir la pièce ou le morceau de métal qui attirera son regard.

Aude Richard