Les prix du blé ont cédé du terrain depuis le mois de mai. Aujourd’hui, le Fob Rouen flirte avec les 180 €/t, un niveau qui rappelle les plus bas atteints à la mi-mars, lorsque le confinement s’est mis en place. Le rebond en avril, suscité par des exportations dynamiques, n’a pas duré longtemps. Les blés français sont redescendus progressivement pour tenter de s’aligner sur les prix de la nouvelle récolte en mer Noire ; Chicago catalysant le mouvement depuis que les stocks mondiaux ont été jugés élevés, selon le dernier rapport du secrétariat US à l’agriculture (USDA).
Tension en vue
Pourtant, voilà maintenant plusieurs mois que la récolte française de blé est attendue en net retrait par rapport à celle de l’an dernier : même si les conditions de remplissage sont assez bonnes, il sera difficile de compenser les excès d’humidité de l’hiver et les grands coups de sec du printemps. La France n’est pas la seule dans ce cas : la récolte va s’effondrer au Royaume-Uni et chuter de manière marquée en Allemagne, en Roumanie et en Scandinavie. Avec une production proche des 130 Mt, l’Europe (Royaume-Uni compris) perdra plus de 15 Mt de blé cette année. Cela l’obligera à se serrer la ceinture et exporter beaucoup moins qu’en 2019-2020, malgré une demande intérieure prévue morose dans le secteur animal et de l’éthanol.
Les prix remonteront-ils pour autant ? Cela n’est pas exclu même si tous les voyants ne sont pas au vert aujourd’hui.
Parmi les « dangers » potentiels, la Russie, qui va récolter plus de blé que l’an passé avec des perspectives qui s’améliorent ces jours-ci. Dans l’hémisphère sud, l’Australie est dans les starting-blocks et, sans accident d’ici décembre, sa production et ses exportations reprendront de belles couleurs. Mais même en tenant compte d’une demande mondiale ralentie par la crise économique, ces disponibilités russes et australiennes - sans parler des argentines - ne seront pas de trop face à la contraction de l’offre en Ukraine et dans l’Union européenne.
Finalement, non seulement les stocks ne remonteront pas beaucoup chez les grands exportateurs de la planète, mais ils chuteront fortement dans le tandem UE-mer Noire, cela devrait finir par être haussier.