Peu après son installation dans l’Oise, en 1996, Pascal Verbeke, crée et joue avec d’autres agriculteurs une pièce de théâtre « Le trèfle à quatre feuilles ». Cette expérience constitue un véritable déclic pour ce jeune homme qui avait peu de liens avec le monde du spectacle. « J’ai compris à quel point la culture pouvait aider à la compréhension de l’autre en apportant un regard différent, parfois décalé, analyse-t-il. De nature plutôt réservée, cette opportunité m’a donné confiance. J’y ai vécu une de mes plus belles expériences collectives. »

30 spectacles par an

En 2014, quand ce céréalier, d’alors 44 ans, devient maire d’Hétomesnil, puis délégué à la communauté de communes Picardie verte, il choisit sans hésiter la responsabilité de la culture et du tourisme. Depuis, il s’attelle à offrir à ses citoyens ruraux, éloignés géographiquement et socialement de la scène, une programmation « spectaculaire ». Ce sportif accompli, qui a gravi le mont Blanc et court régulièrement, se fixe un objectif : apporter le maximum de spectacles de qualité au plus grand nombre, avec un budget constant. Terrien pragmatique, il tient. Il propose 30 événements par an avec 40 000 €, une véritable prouesse pour ce territoire de 33 000 habitants. « Avec le service culturel de la communauté de communes, nous tissons des partenariats : théâtre du Beauvaisis, comédie de Picardie, diverses compagnies… Nous transportons nos habitants au théâtre de Beauvais, et les comédiens viennent jouer chez nous. »

Comme un artisan, Pascal ajuste le programme au millimètre. « Nous regardons les propositions de la saison, allons voir les nouveautés et évaluons leur adaptation au public. J’aime cette phase pleine de promesses où nous confrontons notre regard à celui des artistes. J’en sors souvent grandi. »

Pour ce père de quatre enfants, éveiller le jeune public à la culture demeure une priorité. « La pratique artistique ouvre la tête et le corps », soutient le premier édile qui évoque, en souriant, les BIP, brigades d’intervention poétiques, venues dans les écoles. L’élu consacre deux jours et deux soirées par semaine à cet engagement. En retour, le regard émerveillé des plus jeunes, les émotions ressenties collectivement et l’ouverture vers un monde nouveau enchantent son quotidien.

Marie-Pierre Canlo