S’il avait embrassé le métier d’éleveur, il aurait bossé dur, pris grand soin de ses bêtes… À l’image de Pierre, héros de son film Petit Paysan. Hubert Charuel a co-scénarisé et réalisé ce premier long métrage, « en partant de ce que je connais, de là où j’ai grandi », confie-t-il. Entendez la ferme de Droyes, en Haute-Marne, où ses parents Sylvaine et Jean-Paul, aujourd’hui retraités, élevaient une trentaine de laitières. « Je suis fils unique, pourtant je n’ai pas repris la ferme, souligne cet homme sympathique de trente-deux ans. Ce film, c’est ma manière à moi de le faire… » Il l’a bien fait : son thriller rural vient d’être triplement primé au Festival du film d’Angoulême !
Adolescent, Hubert remplace ses parents pour leurs vacances et se rend alors compte du travail d’éleveur. « Il n’est pas simple de tout gérer seul », admet-il. En 2008, il assure même trois mois dans l’élevage, à la place de sa maman accidentée.
La ferme, bien plus qu’un décor
« J’aimais le travail avec les animaux », ajoute le réalisateur. Son premier souhait avait d’ailleurs été de devenir vétérinaire, voie inaccessible faute de bonnes notes en sciences. « Un autre domaine m’intéressait : le cinéma », poursuit-il. Une passion nourrie lors du rituel familial, où ses parents l’emmenaient chaque semaine voir un film à Saint-Dizier, à 30 kilomètres : « Nous passions quatre heures, tous les trois, à parler d’autre chose que des vaches. »
Admis en 2007 au concours très sélectif de la Femis, l’École nationale des métiers de l’image et du son, cet amoureux du septième art y trouve sa voie. Lorsque sa mère lui propose de reprendre les terres et de « faire des films », Hubert a déjà fait son choix…
En formation, il a l’occasion d’explorer un fait qui l’a marqué dans l’enfance.
« À l’époque de la crise de la vache folle et de cas de fièvre aphteuse, j’avais dix ans. Je vivais avec la peur que ça arrive chez nous… », raconte-t-il. De cette idée naîtra Petit Paysan, où le cinéaste a tenu « à mettre de la fiction dans l’univers de la ferme, qui trop souvent sert juste de décor ».
Le film a été tourné, en plus grande partie, sur l’exploitation familiale et plusieurs proches d’Hubert Charuel y jouent. Cet environnement tient à cœur au jeune réalisateur, puisqu’il prépare un documentaire sur la fin de la structure de ses parents. « Et moi, qui ne la reprends pas… »