Quand il tient son arc à la main, Thierry Simonnet se dit qu’il n’est pas loin de ses rêves d’enfant, lorsqu’il jouait à Robin des Bois et fabriquait son arme avec un bout de bois…

Personne dans sa famille ne chassait. Thierry découvre le tir au fusil pendant ses études agricoles et passe son permis. Le tir à l’arc est une passion plus récente. « En 2015, j’ai vu par hasard des vidéos sur internet, se remémore le viticulteur de quarante ans, installé sur l’exploitation familiale à Escassefort, dans le Lot-et-Garonne. J’ai voulu essayer. » Il contacte aussitôt l’association des chasseurs à l’arc de Gascogne.

La maîtrise de soi

« J’aime cette sensation de faire corps avec la nature », raconte Thierry. Certains chasseurs, équipés d’arcs à mécanismes (poulies), peuvent tirer à plus de 50 mètres. Avec un modèle classique, il faut s’approcher au plus près du gibier, à moins de 15 mètres. « On développe un rapport différent avec l’environnement, souligne-t-il. Il faut se fondre dans le paysage, observer autour de soi, écouter le moindre bruit, patienter… » Quand le chasseur découvre l’animal, il s’en approche ou attend que sa proie vienne vers lui. Il tend son arc, vise calmement… Puis, dans un discret sifflement, la flèche fend l’air et porte le coup fatal.

Mais pour en arriver là, il faut s’exercer, très souvent, développer de la puissance dans les bras. « Je ne pratique pas assez, regrette Thierry. Même quand je rentre bredouille, le plaisir reste intact. »

Très tôt le matin, le viticulteur arpente les bois, arc à la main, au cas où… Il chasse tous les gibiers, à l’approche, à l’affût ou même en battue. Pour l’affût, notre homme se perche souvent dans les arbres, installé dans un « treestand », une chaise placée à 3-4 mètres de haut. « Je peux rester quatre heures à attendre que le gibier passe, confie-t-il. Mais je préfère la technique de l’approche. »

En France, la chasse à l’arc semble bien ancrée dans le paysage cynégétique et bien acceptée par le grand public, qui la trouve a priori moins dangereuse, « puisque nous tirons de moins loin et seulement si nous sommes très sûrs d’atteindre notre cible ». Pour cette raison, il n’est pas rare que les associations de chasseurs à l’arc soient sollicitées pour, par exemple, des missions de régulation des populations de sangliers en zone périurbaine.

Hélène Quenin