Sans être catastrophique, la perspective pour la filière française des céréales de se retrouver avec un stock de fin de campagne élevé est bien réelle, alors même que le dynamisme de la demande aurait dû le résorber. L’image de la chaîne logistique céréalière française s’en trouverait également écornée, et des points de compétitivité perdus sur le prix des céréales.
« Aujourd’hui, au niveau de notre entreprise, il faudrait que nous puissions réaliser la moitié des flux en dix semaines, a souligné Emmanuelle Blanchet, présidente des transports Blanchet, à l’occasion de la 29e Journée des céréales, organisée par les ports Haropa (Le Havre, Rouen, Paris). Ce n’est pas réalisable. Du coup, nous avons du mal à servir certains clients. Des bateaux attendent, car nous ne trouvons pas suffisamment de chauffeurs pour répondre à la demande. »
Petite année à Rouen
Jean-François Loiseau, président de Axéréal, évoque également les difficultés récentes, liées à la grève du rail. « Notre coopérative affrète trois mille trains par an. Nous planifions ces transports de céréales douze à dix-huit mois à l’avance. Le phénomène de grève désorganise tout et se traduit par une perte de compétitivité de 7 à 10 €/t pour les lots concernés. »
Au port de Rouen, premier port européen d’exportation de céréales, on confirme une campagne plutôt décevante. « Nous avons expédié 4,8 millions de tonnes à la fin du mois de mars, explique Nicolas Occis, son directeur général. Nous devrions terminer l’année à 7 Mt. Ce sera certainement une petite année pour ce port, qui expédie en moyenne 7,5 Mt. » Le retard serait plus flagrant dans les autres ports français, qui ont cédé cette année des parts de marché à celui de Rouen.