Dans l’est du département de la Vienne, les vallées de la Gartempe et de l’Anglin regorgent de sites préhistoriques, fréquentés par nos lointains ancêtres durant une période allant de - 200 000 ans à - 2 000 ans avant JC. C’est là qu’a grandi Laurent Jacob, agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé. « Dès l’âge de huit ans, j’allais avec mon grand-père ramasser des silex taillés dans les champs. Il m’a donné le virus, explique ce cinquantenaire passionné de préhistoire. Il savait les dater selon leur forme, origine et mode de taille. Avec mes parents et grands-parents, nous faisions des découvertes : pointes de flèches, grattoirs, burins… Nous explorions aussi des grottes. J’ai trouvé des morceaux d’amphores, des os de bisons, des fossiles, une hache en bronze, très rare dans notre secteur, et même une dent de mammouth. À la maison, il y avait des centaines d’objets et des paléontologues renommés venaient voir notre collection. »

Un petit musée familial

Cet intérêt pour l’âge de pierre ne l’a jamais quitté et Laurent s’est toujours beaucoup documenté sur le sujet. À vingt ans, il effectue son service militaire en Dordogne, sous les ordres d’un adjudant qui partage sa passion. « Il m’a emmené visiter la grotte de Lascaux, se souvient l’agriculteur, très ému. Une chance inouïe, car le site original est fermé au public. Aujourd’hui, je ne trouve pratiquement plus de silex autour de chez moi. Je me déplace sur d’autres sites en Poitou-Charentes, en Bretagne, dans le Sud-Ouest. Lors de voyages en Tunisie et Mauritanie, où je suis parti avec des amis faire du quad, j’ai visité des lieux préhistoriques et j’ai ramené des silex. Il arrive que des gens m’en donnent ou que j’en trouve dans les vide-greniers. »

Toutes ces pièces sont entreposées dans une annexe de l’exploitation. Cette dernière porte d’ailleurs le nom d’EARL des Silex ! Dans ce petit musée familial, Laurent et son père ont aménagé des vitrines et des étagères sur lesquelles se côtoient silex, lampes anciennes et nombre d’autres objets. Intarissable sur ce patrimoine, l’archéologue amateur accueille avec plaisir les passionnés comme lui, mais aussi les non-initiés. « L’entrée est gratuite, précise Laurent. J’ai déjà organisé des expositions pour les écoles et ai même reçu des scientifiques japonais. Quel plaisir de présentercette collection accumulée par trois générations ! »

Denis Lehé