Cinq des six membres allemands de la Commission des affaires agricoles du Parlement européen ont été réélus le 26 mai dernier. Parmi les nouveaux élus figurent une douzaine de femmes et d’hommes dont le domaine d’expertise est l’agriculture et le monde rural. Toutes les sensibilités, ou presque, sont représentées.
Poussée des écologistes
« Nous avons plus d’interlocuteurs au parlement que lors de la dernière législature », estime Simon Schlüter, représentant bruxellois de la principale confédération agricole allemande DBV. Le syndicat comptera quatre membres parmi les eurodéputés.
L’analyse est également positive au BDM, organisation minoritaire qui fédère des éleveurs laitiers. « Le renforcement des Verts pourrait conduire à pousser dans le sens d’une agriculture paysanne », juge son porte-parole, Hans Foldenauer. Avec plus de 20 % des voix, les écologistes se sont classés en deuxième position aux Européennes, derrière les conservateurs. Toutefois, au parlement de Strasbourg, les Verts constituent seulement le quatrième groupe. Leur association à la future majorité est hypothétique. Mais Hans Foldenauer pense que la pression mise par les écologistes - la protection du climat était la première préoccupation des électeurs allemands - « fait espérer que les partis conservateurs reconsidèrent leur politique favorable à l’agro-industrie ». Le représentant du BDM, très mobilisé sur la chute des revenus des éleveurs, souhaite mettre un terme à l’intensification sans fin des activités agricoles. Il faut « moins d’importations de fourrage, moins d’exports de produits de qualité lambda ».
Avec le nouveau rapport de force à Bruxelles, le DBV ne s’attend néanmoins pas à une réorientation complète de la Pac. « La protection du climat sera, à raison, le gros thème dans les cinq prochaines années, tout comme la biodiversité », avance Simon Schlüter.
Côté budget, une stabilité est escomptée.
« La proposition budgétaire du commissaire Oettinger reste valable. On aurait préféré qu’elle soit votée avant la dissolution de l’ancien Parlement. De nombreux problèmes auraient été réglés. On aurait eu un ordre de grandeur. Donc tout est en suspens. » Une commission présidée par Manfred Weber ou son rival officieux Michel Barnier (1), à la différence d’autres candidats, serait, pour Simon Schlüter, une garantie pour le budget agricole.
Les pays d’origine des deux conservateurs, l’Allemagne et la France, sont les principaux bénéficiaires de la Pac.
(1) La plus grande confusion régnait en début de semainesur cette nomination. C’est finalement le nom de l’allemande Ursula von der Leyen qui circulait mardi pour ce poste.