La notion de bien-être animal est ancrée dans la mémoire collective en Suède, car elle ne date pas d’hier. Les conditions d’abattage des animaux domestiques et la protection animale ont été encadrées par la loi dès les années 1940. L’année 2019 marque une nouvelle étape avec une loi encore plus stricte, qui prévoit que tous les animaux domestiques, d’élevage ou encore de cirque, élevés par des humains, doivent être protégés, à l’identique des personnes. Ils doivent bénéficier de soins préventifs venant des éleveurs, des vétérinaires ou des propriétaires. Tout abus devra être signalé aux autorités de protection de santé ou des forces de police. Une commission est chargée de sanctionner les maltraitances commises à l’encontre des animaux.

Performance économique

Bien-être animal n’empêche pas performance économique. Le ministre des Affaires rurales précise que cette nouvelle loi ne doit en aucun cas nuire à la compétitivité des agriculteurs suédois, ni aux efforts d’augmenter la production alimentaire. « Nous pensons que les animaux doivent vivre dans un environnement serein et paisible. Même si certains Suédois vont jusqu’à penser qu’ils devraient avoir les mêmes droits que les humains, cela ne nous empêche pas de les manger avec plaisir, à partir du moment où ils ont été abattus dans de bonnes conditions », précise Lars Olsson, directeur du département agricole au ministère des Entreprises. Malgré ce contexte, le mouvement végan ne connaît pas une explosion ou un ancrage important dans la société suédoise. Il reste très marginal, même s’il fait parler de lui dans les médias.

Des mesures concrètes

Les porcs, les vaches, les volailles ou les visons, aucun élevage ne passe à travers. C’est en production porcine que les mesures sont les plus radicales : interdiction formelle de couper les queues et les incisives, et de castrer sans anesthésie. Les cages de maternité et d’engraissement doivent être plus larges et paillées. Le transport vers l’abattoir ne doit pas excéder huit heures et les animaux doivent être étourdis avant l’euthanasie.

Ces obligations ont aussi eu un effet économique important, car elles ont permis de limiter les importations de viande porcine – notamment du voisin danois –, qui envahissaient le pays à un prix dérisoire.

Christophe Dequidt