Pourquoi la confiance des Français dans la science a-t-elle dégringolé ? D’abord respectueux de la science (Ipsos, 2016), ils sont devenus sceptiques, soupçonnant des liens obscurs entre intérêts industriels et scientifiques. Une minorité, adeptes des théories complotistes, conteste même les découvertes de la science. Dix pour cent de nos concitoyens pensent que l’homme n’a jamais marché sur la lune, par exemple, expliquait le sociologue Eddy Fougier, lors d’un débat organisé par le Syrpa, le réseau des agricommunicants le 17 avril à Paris.
Climat de défiance
Comment en est-on arrivé à ce climat de défiance envers les élites, à ce relativisme ambiant, où ce qui est « vraisemblable » l’emporte sur la preuve scientifique ? En partie à cause des médias et des émissions à charge, telles celles d’Élise Lucet sur les phytos, estime l’expert. Mais aussi les scandales qui créent la stupeur, comme la publication de Gilles-Eric Séralini des cancers des rats dus aux OGM et au Roundup, bien que sa conclusion ait été ensuite invalidée. Rien de tel pour casser la confiance sur les avancées scientifiques !
Inverser la vapeur
« C’est trop tard, tout est foutu, l’irrationnel et la parole de l’ignorant valent autant que la démonstration scientifique », a déploré Mac Lesggy, animateur et producteur de E = M6, émission de vulgarisation scientifique. Les journalistes, dotés d’un faible niveau en sciences, et friands de caricature et de scandale pour faire de l’audience, en prennent pour leur grade.
Comment inverser la vapeur ? « Il faut expliquer, encore et toujours, et faire parler les chercheurs, enjoint Philippe Mauguin, PDG de l’Inra. Mais, sans oublier qu’un sujet complexe ne peut pas être expliqué en deux phrases ! »