Syndicats agricoles, organisations professionnelles et instituts techniques font partie de notre paysage. Ce n’est pas le cas en Roumanie. Difficile de mettre en place de telles structures dans un pays où les petites exploitations de moins de 4 hectares sont largement majoritaires, très individualistes et cherchent avant tout à survivre, tandis que les structures professionnelles de 70 000 à 456 000 ha visent le maximum de rentabilité.

Initiatives individuelles

Après la chute du mur de Berlin, partout dans le pays, des initiatives individuelles locales ont émergé afin de tenter de représenter les agriculteurs auprès de l’État, sans véritable succès. En 2010 apparaît une fédération crédible : ProAgro­. Elle s’organise par secteurs (élevage, grandes cultures, pisciculture…) mais ne dispose cependant pas de représentativité locale, n’a pas de pouvoir, ni de moyens. L’association stagne depuis le départ de son président, nommé secrétaire d’État à l’Agriculture en 2018. La représentativité du secteur agricole aurait pu venir de la filière productions végétales, qui s’est fortement développée. L’association Lapar a vu le jour et a commencé à se faire une place, mais la découverte d’un trou de 200 000 euros dans les caisses a entraîné la démission de son président, Laurentiu Baciu. Elle a aujourd’hui du mal à vivre.

Face à ces initiatives peu concluantes, 20 leaders se sont regroupés. Ils ont créé l’APPR, l’association des producteurs de maïs. Elle compte actuellement 500 adhérents actifs, représentant 500 000 hectares. Une équipe de 10 personnes salariées a développé une activité de lobby national et européen et créé un institut technique, dans la même veine que la structure française Arvalis. Son nouveau président, Nicolae Sitaru, se veut très consensuel. L’association s’est largement ouverte aux céréaliers.

En 2019, la résurgence de quelques coopératives a entraîné la création de l’UNCSV, un équivalent de La Coopération agricole (ex-Coop de France). L’objectif de cette structure, encore en construction, est de défendre les droits de ses adhérents agriculteurs.

À la demande d’Agricover, leader de l’agrofourniture, aux moyens financiers très importants (lire l’encadré), ces différents organismes (ProAgro, Lapar, l’APPR et l’UNCSV), qui évoluaient chacun dans leur coin, ont engagé des pourparlers courant mars 2020, afin de coordonner leurs actions. Ils ont créé un think tank appelé « Alliance pour l’agriculture et la coopération » afin de former une union nationale. Les premiers sujets de travail ne manquent pas : positions de l’agriculture sur le coronavirus, financement de l’agriculture, foncier…

Christophe Dequidt