Les États-Unis ont publié la liste des représailles liées au dossier Airbus, après la décision de l’Organisation mondiale du commerce les autorisant à prendre des mesures de sanctions. Bien que le différend porte sur les subventions accordées au secteur aéronautique, l’agriculture européenne est en tête de la liste des domaines visés. L’impact sur le commerce agricole est environ du double de celui de tous les autres secteurs, y compris l’aviation. Les taux de surtaxe sont également plus lourds pour les produits agricoles que pour les avions, 25 % contre 10 %.
Les États-Unis ont pris soin de minimiser l’impact sur leur économie et se sont aussi laissé une marge de manœuvre pour alourdir les sanctions, soit en élargissant la liste des produits visés, soit en augmentant le montant des droits de douane supplémentaires. Cela ressemble fort à une tactique pour limiter les représailles de l’UE avant la décision attendue sur l’affaire similaire concernant Boeing.
Les produits laitiers sont fortement touchés, de même que le vin et le whisky, l’huile d’olive et les olives, le porc, le jambon, les biscuits, les confitures et certains fruits. Les effets d’une surtaxe de 25 % sur les exportations de l’UE ne sont pas faciles à prévoir. Ces dernières risquent de baisser dès lors que les produits deviendront plus chers aux États-Unis. Les exportateurs européens diminueront sans doute leurs marges, soucieux de minimiser les pertes de marchés, même si cela implique de renoncer à leurs bénéfices. En fin de compte, il ne fait guère de doute que l’impact négatif sera transmis aux producteurs, et que leurs revenus en souffriront.
Aux États-Unis, les incidences négatives de la guerre commerciale américano-chinoise sur les agriculteurs ont été compensées, à deux reprises, par des subventions substantielles. Dans l’Union européenne, le sujet semble passé sous silence, aucune initiative de la part de la Commission ne se fait jour. Les agriculteurs européens n’ont aucunement bénéficié des subventions jugées illégales par l’OMC, mais ce sont eux qui vont perdre le plus.
La nouvelle Commission européenne va-t-elle, comme la précédente, simplement surveiller les marchés intérieurs de l’UE et n’intervenir que lorsque les chutes de prix drastiques seront enregistrées et le mal fait ? Ou bien saura-t-elle agir de façon anticipée et compenser les pertes inéluctables d’exportations ?