«Avec les relations tendues entre la Chine et les États-Unis, les acteurs du marché sont en train de bouger », constate Jean-Luc Verdier, d’Arvalis. Alors que la France exportait beaucoup vers l’Espagne, les États-Unis lorgnent désormais ce débouché pour exporter les volumes qu’ils n’envoient plus en Chine. Pour ces mêmes raisons, la France pourrait exporter davantage en Chine. C’est ce qu’on appelle un jeu de chaise musicale.

De son côté, la Chine essaie de s’adapter à cette baisse de volumes provenant des États-Unis. « Ses besoins en sorgho pour l’alimentation animale diminuent, note Jean-Luc Verdier. Elle privilégie davantage le maïs. D’autre part, elle joue la proximité en se fournissant en sorgho en Australie. Mais cette baisse de la demande et cette nouvelle source d’approvisionnement ne compenseront pas les volumes abandonnés par les États-Unis. »

Compétitif

Les volumes américains se reportent donc sur l’Europe, d’autant que le sorgho est plus compétitif que le maïs pour l’alimentation animale. Bilan : à cette période, les importations européennes n’ont jamais été aussi élevées que cette année. « L’Espagne surtout, mais aussi dans une moindre mesure l’Italie, ont importé 150 000 tonnes à la mi-novembre, observe Jean-Luc Verdier. En 2016-2017, les volumes étaient à ce niveau à la fin de la campagne. Et l’an passé, c’était le cas à la mi-avril. »

Autre point à noter également, l’émergence de l’Ukraine et de la Russie sur le marché (notamment espagnol et italien) avec respectivement 60 000 hectares (comme la France) et 200 000 ha.

Florence Mélix