Deux des cinq initiatives populaires qui seront votées le 13 juin prochain en Suisse concernent directement l’agriculture. La première, « Pour une eau propre et une alimentation saine », propose que les exploitants ne puissent nourrir leur bétail qu’avec les fourrages de la ferme et de subventionner uniquement les agriculteurs qui n’utilisent aucun pesticide, ni antibiotique à titre préventif. La seconde initiative, « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse », demande l’interdiction des phytos pour la production suisse, mais aussi pour les produits importés. Les deux initiatives portées et proposées par des groupes de citoyens ont été présentées au Conseil et au Parlement fédéraux. Les deux institutions ont conseillé de voter non. En attendant le 13 juin, les syndicats agricoles ont pris position.

Autonomie alimentaire

Concernant l’initiative « Pour une eau propre et une alimentation saine », les syndicats sont unanimes : la réponse est non. « Cela risque de fragmenter l’agriculture suisse entre une agriculture très écologique respectant les critères des subventions et des fermes qui utiliseront plus de produits phytosanitaires pour compenser le manque à gagner », explique Cédric Guillod, membre du comité de l’association Biosuisse, représentant les agriculteurs bio. Un constat partagé par l’Union suisse des paysans (USP), qui s’inquiète aussi de l’autonomie alimentaire du pays. « Les éleveurs de volailles et de porcs arrêteraient leur activité car ils ne peuvent pas produire tous les aliments dont ils ont besoin », explique Francis Egger, vice-directeur de l’USP.

L’initiative sur l’interdiction des produits phytos inquiète quant à ses conséquences pour le consommateur final. « Cela augmentera de 30 % le coût du panier moyen car tout le monde produira selon les critères de l’agriculture bio », explique Francis Egger. Quant à l’impact sur les importations, il est colossal : « Si on ne peut importer que des produits sans phytos, cela encouragera le tourisme de consommation aux frontières. Il représente 5 % de la consommation suisse et on pense qu’il va doubler. De plus, vérifier les produits importés, c’est tout simplement incontrôlable. » L’USP appelle donc à voter non le 13 juin. Biosuisse, en revanche, appelle au « oui » pour cette deuxième initiative. « Cela fait quarante ans qu’on travaille sans pesticides de synthèse, alors c’est possible. Quant au coût du panier moyen, il devrait stagner grâce à l’évolution des pratiques alimentaires incluant une diminution de la consommation de viande prônée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », précise Cédric Guillod. Virginie Montmartin