« Indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique » ; « recherche, consolidation des filières, attractivité et relocalisations » sont des thèmes clés mis en avant dernièrement par la président de la République à la suite de la crise sanitaire. Quel autre secteur, mieux que l’agriculture, embrasse toutes ces notions ?

Grâce au travail des agriculteurs, la France a sécurisé sa production alimentaire. De toute évidence, une rupture agricole aurait eu des conséquences majeures. Ce que je retiens de ces derniers mois, c’est l’impérieuse nécessité de préserver notre capacité d’innovation pour faire face aux enjeux qui se présentent. Cela concerne évidemment le digital et tous ces outils d’aide à la décision qui permettent d’engager concrètement des pratiques agricoles plus précises et plus durables, qu’il s’agisse de la gestion de l’eau ou des produits phytosanitaires. Mais l’innovation, c’est également la sélection variétale pour obtenir des semences plus résistantes aux maladies ou au stress hydrique. La protection des plantes est aussi au cœur de l’innovation, avec notamment le biocontrôle.

Nous servons
tous les modèles agricoles­

Notre société investit massivement dans la R & D pour proposer des solutions efficaces, rentables et durables. La combinaison de ces trois piliers est une clé de voûte du secteur agricole. Retirez un élément et l’ensemble s’écroule. Les politiques agricoles, françaises ou européennes, devront intégrer ce paradigme dont l’équilibre semble encore difficile à atteindre. Je suis convaincu que la solution réside dans l’incitation à la combinaison des modèles agricoles, à l’hybridation des labels et dans le soutien à l’innovation. L’idée est de ne pas opposer HVE, bio, conservation des sols (et tous les autres) mais au contraire de tirer le meilleur profit environnemental de chacun d’eux. En effet, comment maximiser la pompe à carbone des végétaux et son stockage dans le sol sans innovation variétale ? Comment atteindre les objectifs du plan Ecophyto sans innovation industrielle ? Mais comment faire confiance à la science si l’émotion domine par ailleurs ?

Dans notre entreprise, nous avons la chance de servir tous les modèles agricoles. De cette expérience, j’ai tiré la conviction qu’il n’y a pas “un” modèle plus vertueux, plus efficace ou plus rentable qu’un autre. La raison est simple : il n’y a pas un consommateur unique, un contexte pédoclimatique universel, une saison identique d’une année sur l’autre… Il nous faut anticiper pour répondre aux besoins des consommateurs qui varient selon les moments de la vie. Et combiner les solutions mécanique, agronomique, digitale… pour protéger les cultures contre des maladies imprévues, des ravageurs inconnus ou des adventices résistantes.

Pour une cohabitation sereine

Mon objectif est de permettre à toutes les agricultures de cohabiter sereinement et de se développer économiquement pour remplir leur mission. Celle de nourrir les hommes, et de préserver l’environnement, notamment en luttant contre le réchauffement climatique. Ce dernier point est le plus urgent en raison de son caractère imprévisible, et de ses manifestations à la fois violentes et variées. »