Le Gaec Pevar Dens produit 1,380 million de litres de lait par an, avec 140 vaches sur 257 ha, sur un système productif, tout en maîtrisant le coût alimentaire. Une stratégie payante, dans un contexte de hausse du prix du lait, mais aussi des charges.

Sélection sur les taux

Les éleveurs, installés à Sévignac, dans les Côtes-d’Armor, maximisent le produit lait en misant sur la quantité et la qualité. La moyenne d’étable se situe à 10 065 kg de lait par vache, le TB à 41,4 g/kg et le TP à 34,2 g/kg. 98 % du lait produit est vendu avec seulement 2 % de lait écarté. L’élevage n’a pas subi de pénalité laitière sur la dernière campagne où le prix du lait payé atteint 382 €/1 000 l, dont une plus-value de 23 € pour les taux. « En race prim’holstein, la plus-value oscille généralement entre 12 et 15 €/1 000 l », précise Maël Raulo, le conseiller Innoval de l’élevage. « La vache que nous recherchons est surtout rentable avant d’être belle, souligne Pascal Miriel, l’un des associés du Gaec. Depuis 2008, les critères de sélection se font sur les taux. »

L’alimentation repose sur un système simple, avec une ration de base constituée de maïs et de tourteaux de colza, complétée par de l’herbe pâturée, ensilée ou enrubannée selon la saison. Le correcteur azoté (semi-tanné) et les granulés de céréales, obtenus dans le cadre d’un échange céréales-aliments avec la coopérative Eureden, sont distribués au Dac.

Moins de primipares

« Nous nous sommes couverts en tourteaux de colza jusqu’en mars 2023 à un prix de 338 €/t. Suivant les cotations de près, nous avons acheté en février 2022 », se réjouit Benjamin Chrétien, également associé. Le correcteur est depuis monté à 424 €/t. L’élevage en consomme 22 t par mois, soit 7 à 8 camions par an. Depuis 2010, le Gaec stocke ses matières premières dans une ancienne stabulation.

« Nous suivons les cotations des matières premières de près. »

Même si le pâturage n’a pas une part majoritaire dans la ration, il y a eu une meilleure valorisation au printemps dernier : 1 t de MS pâturée par VL contre 0,4 t l’année précédente.

Sur la dernière campagne laitière, le coût alimentaire est estimé à 107 €/1 000 litres. Il a été alourdi par la crise des matières premières. Il y a également eu moins de lait produit, en raison de la forte proportion de primipares dans le troupeau. Les associés ont travaillé sur la gestion des effectifs, pour contenir les charges. Ils ont récemment vendu 47 fraîches vêlées et génisses amouillantes.

En intégrant le Gaec, en 2014, Maxime Audrain a apporté 400 000 l de lait et 30 ha. « Depuis cette date, nous avons gardé toutes les génisses et peu réformé. L ’effectif a continué de grossir pour atteindre 140 laitières et 180 génisses deux ans plus tard », détaille l’éleveur. Aujourd’hui, le taux de renouvellement est passé de 50 % à 35 %. L’âge au premier vêlage est passé de 28 à 26 mois, ce qui permet de réduire l’effectif de 10 à 12 génisses chaque année.

Avec une consommation de 22 t par mois, le Gaec a anticipé la hausse des prix du tourteau de colza. Il s’est couvert jusqu’en mars 2023 avec un prix de 338 €/t contre 424 €/t au début de juin. © I. Lejas

Sur le volet de la fertilisation, l’introduction d’oléoprotéagineux (féverole, colza) dans les cultures de vente limite les apports d’engrais minéraux. L’exploitation bénéficie également des effluents bovins et porcins.

Selon les projections d’Innoval, la hausse des produits devrait compenser celle des charges pour 2022 (voir l’infographie). Le prix du lait devrait passer à 420 €/1 000 l. Avec des cotations bien orientées, le produit viande est aussi un bon levier de rentabilité. Sur le végétal, les prix de vente ont augmenté de 40 à 60 %. Côté charges, le contrat de colza a limité la flambée du poste aliments. La hausse du GNR engendre un surcoût. Au final, l’année 2022 devrait permettre de constituer de la trésorerie pour absorber l’augmentation du prix des intrants en 2023.

Isabelle Lejas