Démarcation

La différenciation territoriale est un atout pour les agriculteurs. Donner une histoire à un produit, lui conférer une reconnaissance, va permettre de laisser de la valeur ajoutée aux producteurs. Le fait que leur produit, dont ils sont fiers, soit considéré comme un produit de terroir constitue une réelle opportunité de démarcation. Il est intéressant de voir que certaines filières agricoles qui connaissent actuellement des difficultés s’en sortent par le haut grâce à l’image de leur territoire. Dans la filière viande bovine, l’AOP Fin Gras du Mézenc en est la preuve.

Partout cela peut marcher

L’agriculture française peut valoriser partout son image de terroir. Le nombre important d’AOP et de labels présents montre qu’il existe des identités extrêmement fortes sur des territoires bien spécifiques : asperges de Camargue, poulet des Landes, châtaigne d’Ardèche… Les signes d’identification de la qualité et de l’origine ont toujours une incidence bénéfique sur la santé économique des exploitations. L’obtention d’un signe de qualité va souvent de pair avec des produits mieux représentés en grande surface et un développement des ventes via les circuits courts.

S’investir collectivement

Pour que les agriculteurs puissent bénéficier au mieux de l’image de leur territoire, il faut que les collectivités publiques jouent le jeu. Si elles veulent soutenir des services dans leurs territoires ruraux, si elles veulent que la campagne reste vivante, il est nécessaire qu’elles privilégient, chaque fois que possible, les fournisseurs locaux. C’est indispensable notamment dans les écoles, pour que les enfants s’attachent à leur territoire et aux produits agricoles qui y sont associés.

Fierté d’appartenance

Avec la mise en place de régions administratives extrêmement vastes, il est essentiel que les agriculteurs soient considérés à nouveau comme des interlocuteurs de premier plan dans la construction d’un territoire.

La force de la géographie

Il faut redonner toute sa force à la géographie, qui puise son identité dans l’histoire. Géographie et force du monde rural sont inséparables. En redonnant la fierté d’appartenance à un pays, au sens du terroir, le monde rural connaîtra un nouvel essor.

Indépendance

Toutes les agricultures sont nécessaires et complémentaires. Bien cultiver la terre, ce n’est pas une occupation du passé, désuète et réservée à quelques nostalgiques, mais un métier d’avenir, essentiel pour assurer l’indépendance d’un pays et préserver la qualité des territoires.

Propos recueillis par Camille Penet

(1) Sylvie Brunel intervenait en février lors du congrès de la FDSEA de l’Ardèche autour d’une table ronde organisée sur le thème « Comment les producteurs peuvent bénéficier de l’image Ardèche ? » Elle vient de publier  Plaidoyer pour nos agriculteurs. Il faudra demain nourrir le monde..., Éditions Buchet-Chastel.