Ressource sous-estimée

L’agriculture française peine aujourd’hui à trouver sa place face à la concurrence de pays aux coûts de production réduits ou aux réglementations moins exigeantes. Les crises agricoles (lait, porc, céréales…) se suivent et se ressemblent. Face à ces pressions externes, si un positionnement haut de gamme semble maintenant nécessaire, l’innovation pourrait aussi permettre le développement de nouvelles sources de revenus.

Ainsi, pour réduire leurs coûts et augmenter leurs bénéfices, les secteurs agricoles et agroalimentaires doivent s’intéresser à la valorisation de ressources actuellement sous-exploitées : les coproduits. Menues pailles, rafles de maïs, bois de taille ou issues de silos sont encore trop fréquemment considérés comme des déchets.

Ces ressources représentent pourtant un apport économique important, que ce soit sous forme de combustibles (plaquettes, granulés, bûchettes, etc.), lors d’une valorisation en méthanisation ou comme ingrédient en chimie verte. Elles peuvent également être facteurs d’économies, en étant consommées à la place d’énergies fossiles via des chaudières biomasse. Ressources renouvelables, elles s’intègrent aux enjeux de l’économie circulaire et de développement durable, pour participer à la transition énergétique.

Des marchés qui peinent encore à se développer

Malgré tout, les marchés de valorisation des coproduits agricoles ont des difficultés à se développer. Le faible prix des énergies fossiles a limité la rentabilité des projets de combustion. La production de matériaux biosourcés fait face à des contraintes techniques et qualitatives, de même qu’à des exigences de contrats longue durée l’empêchant de se déployer au-delà de la preuve de concept.

Ces projets doivent être structurés sur un territoire bien précis, chacun dépendant de problématiques locales qui lui sont propres (dispersion des parcelles agricoles, acteurs logistiques, propriétés de la biomasse locale…). Cependant, rares sont les territoires sur lesquels se trouvent tous les acteurs capables de se coordonner pour affronter ces problématiques.

Quelles sont les perspectives pour les filières agricoles face à ces constats d’immobilisme ? Malgré les contraintes, les initiatives se multiplient, principalement pour le développement des énergies renouvelables.

Afin de rendre les projets viables économiquement, les solutions sont multiples : étude de faisabilité, valorisation des ressources de l’entreprise, utilisation d’équipements préexistants, ou encore approvisionnement local… Les subventions régionales et européennes contribuent également à trouver un équilibre financier.

Toute la société en profite

Des modèles économiques innovants alliés à la mise en place de démarches d’économie circulaire ou de symbioses industrielles peuvent aussi augmenter la plus-value des initiatives. Au final, c’est toute la société qui profite de la valeur ajoutée des coproduits : réduction des émissions de gaz à effet de serre, dynamique des territoires, création de nouveaux emplois, autonomie énergétique… Ce qui était autrefois un déchet est devenu une source de valeur pour tous.

(1) Conseil en solutions énergétiques, environnementales et sociétales.