Il est nécessaire de sécher les grains afin qu’ils ne moisissent, puis de les refroidir pour que les insectes ne se développent pas. Que d’énergie consommée ! Pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, le principal poste est donc la gestion de l’énergie. À la ferme, certaines technologies de séchoirs sont plus économes que d’autres. C’est le cas des séchoirs à recirculation d’énergie. « Ce type de séchoir permet de diminuer de 20 % la consommation de gaz grâce à la récupération de la chaleur », souligne Samuel Simonin, directeur d’Agriconsult, concepteur de solutions de stockage. Autre astuce, proposée par Katel Crépon, responsable du pôle de stockage à Arvalis : finir le séchage avec seulement une ventilation renforcée, non chauffée. « En théorie, cela peut faire économiser 20 à 30 % d’énergie. Dans la pratique, ce n’est pas toujours évident car l’air froid peut être humide. »
Chaudière à biomasse
Autre solution : substituer l’énergie fossile par une énergie renouvelable. Selon l’Ademe, le cycle de vie (fabrication, transport, combustion…) de 1 MWh de bois (plaquette forestière) émet dix fois moins de gaz à effet de serre que celui du gaz naturel, 30 kgCO2/MWh contre 340 (1).
Sébastien Chesneau utilise du bois pour sécher ses grains. © Aude Richard
En Beauce, Sébastien Chesneau utilise, depuis 2013, une chaudière à biomasse adaptée sur un séchoir à gaz pour sécher ses grains. Il se réjouit de ce changement. « Je devais payer aux alentours de 15 000 à 20 000 € de gaz par an, c’était déjà cher. Avec la flambée des prix, je n’ose pas imaginer ce que cela aurait donné », témoigne le céréalier qui exploite 207 ha à Charsonville, dans le Loiret. Chaque année, il sèche environ 1 750 tonnes de céréales et de maïs. En 2021, la chaudière de 690 kW a tourné en continu à 70 °C, du 15 octobre au 3 décembre. Sébastien estime sa consommation de bois à 1 250 m3 sur l’automne. Son autre activité, vendeur de bois de chauffage, lui permet de récupérer beaucoup de co-produits (écorces, sciure, palettes…). « C’est de la manipulation et de la surveillance, mais si la chaudière casse, j’en rachète une tout de suite ! » Les séchoirs à bois coûtent quasiment 10 fois plus chers que les séchoirs à gaz : entre 180 000 et 200 000 € pour 700 à 1 000 kW. « À raison d’un mois et demi d’utilisation par an, et avec les prix de l’énergie d’aujourd’hui, l’amortissement d’une chaudière biomasse est d’environ cinq ans », estime Domingo Villoria, fabricant de chaudières Villoria Otero. Optez pour une chaudière à air chaud ou à eau chaude, mais bannissez les systèmes à flammes directes où les fumées passent directement dans les grains. Des capteurs solaires thermiques peuvent venir en complément pour chauffer l’eau chaude. Néanmoins, les surfaces de capteurs (2) seront importantes…
La chaleur peut également être récupérée à partir d’un méthaniseur. Plus précisément, la chaleur du moteur de cogénération peut alimenter une cellule sécheuse remplie de grains. Des études sont également en cours pour adapter les brûleurs des séchoirs au biogaz produit sur la ferme.
(1) https://librairie.ademe.fr/cadic/6687/3070-ademe-acv-bois-energie-synthese.pdf