Dans le sud-Berry, région de bocage, en 1978, le groupement de vulgarisation agricole du Châtelet avait mis en place un essai d’engraissement de bovins adultes avec l’objectif d’atteindre une croissance de 1 000 kg par ha d’herbe pâturée. Cet essai, conduit en pâturage tournant, a eu lieu sur prairie temporaire de fétuque élevée en deuxième année de production. Les bovins étaient désinsectisés. La désinsectisation est importante car elle leur permet de ruminer en plein soleil sans rechercher l’ombre présente au point d’abreuvement, et de gagner sur le nombre de cycles pâturage-rumination.

J’ai aussi découvert :

•La nuit, les bovins réalisent plusieurs cycles de pâturage et rumination sans aller s’abreuver. Nous apportions 30 unités d’azote après chaque passage des bovins ; l’objectif de 1 t de viande a été atteint deux années sur trois. Le facteur limitant est la longueur de l’été, avec un déficit de pluie. Nous n’apportions pas d’aliments complémentaires, hormis le sel et les minéraux. Il n’y avait pas d’herbe prélevée pour constituer du stock.

•Le boucher m’avait informé que la viande de ces bovins avait plus de couleur, plus de goût, et que les carcasses maturaient plus facilement et beaucoup plus longtemps.

Au niveau environnemental :

• La prairie stocke le carbone au prorata du volume d’herbe pâturée ; le bovin à l’herbe ne consomme que 60 l d’eau par jour avec une croissance de 1 700 g/j quand l’herbe est abondante.

•Lors de la rumination, le bovin va restituer uniquement le méthane de l’herbe pâturée, mais cette dernière, à 15 cm de hauteur, a un pouvoir méthanogène très faible, et se situe au bas de l’échelle des produits méthanisables.

•Le rumen du bovin a la particularité de transformer les oméga-3 de l’herbe de type ALA, en oméga-3 de type EPA et DHA essentiels pour la santé humaine.

•Le rumen du bovin est le seul à transformer les oméga-6 de l’herbe en acide linoléique conjugué (CLA), indispensables pour la santé, mais qui sont disponibles uniquement dans la viande et les produits des ruminants. Ainsi, la viande des ruminants ne contient pas d’acides gras trans, délétères pour la santé humaine. Si l’on retient une production de 700 kg de viande par hectare d’herbe pâturée, sachant que 1 kg de viande apporte 260 g de protéines, cela nous donne 182 kg/ha de protéines pour la consommation humaine. Si l’on compare à un blé bio, avec un rendement moyen de 32 q/ha qui apporte 105 g de protéines par kilo de blé, cela nous donne 336 kg/ha de protéines pour la consommation humaine. Mais cette production n’est pas annuelle. Il faut attendre trois ans avant de ressemer un blé bio. La culture bio est plus gourmande en surface que celle conventionnelle.

•La nature est bien faite, depuis toujours les apports nutritifs des produits et de la viande de ruminants sont en symbiose mutuellement bénéfique, voire indispensable à la vie des humains.

•Aujourd’hui, l’écologie attaque les éleveurs de ruminants en invitant, lors de salons, les industriels à présenter des versions chimiques pour tenter de remplacer les produits naturels présents dans les produits et la viande des ruminants, y compris les vitamines B12, le fer héminique et la carnitine.

•C’est un sacré paradoxe de vouloir interdire l’emploi de produits chimiques pour soigner les cultures et l’élevage, et d’inciter les consommateurs à ingérer, par idéologie, 6 additifs chimiques (EPA, DHA, CLA, vitamine B12, fer héminique et carnitine) afin de remplacer la consommation de viande rouge !