C’était prévisible. Et c’est arrivé. La fermeture provisoire de la maternité du Blanc est devenue définitive, malgré la résistance des habitants et la démission d’une soixantaine de maires. « Maternité dangereuse » avait argumenté Agnès Buzin, ministre de la Santé. Il faut savoir que toutes les maternités qui pratiquent moins de 300 accouchements par an sont dans le collimateur des agences régionales de santé. Mais s’est-on donné les moyens de recruter et de retenir du personnel qualifié dans cette zone rurale ? Or, il en va des hôpitaux comme des autres services publics : plus on ferme, plus on ferme ! En témoigne la ville de Clamecy. Il y a dix ans, les habitants, les élus, le personnel médical et paramédical de cette ville de la Nièvre s’étaient mobilisés, sans succès, pour empêcher la fermeture de leur maternité. Puis ce fut la fermeture de la chirurgie. Et au printemps dernier, cet hôpital se battait pour conserver un de ses deux postes d’urgentiste, indispensable à un service de qualité. Là aussi, 36 maires autour de Clamecy présentaient leur démission au préfet (pour l’instant refusée). Une solution aussi provisoire que bancale a été adoptée pour pallier cette suppression de poste. Ce scénario qui se répète contient le même enchaînement : un nombre d’actes jugé trop faible, d’où des suppressions de postes, une désorganisation qui impacte tout l’hôpital mais aussi les secours. Au final, le verdict officiel tombe, prévisible : « médecine dangereuse ». Mais c’est le manque de personnel et le coût des recrutements qui sont à la racine de ces abandons. Devra-t-on aller se soigner uniquement dans les grandes villes ? Quant aux urgences, les délais d’intervention pour éviter des séquelles, voire la mort, sont parfois tellement courts que l’éloignement condamne certains malades. Ne peut-on pas partager les compétences et les emplois du temps du corps médical ou les réorganiser, ou réinventer la médecine pour donner à tout le monde la même chance ?