Dans ma jeunesse, la nourriture représentait 50 % du budget d’un Français moyen. La viande, le beurre, le sucre prenaient figure de revanche à l’encontre des années de pénurie et on ne s’inquiétait guère des excès susceptibles d’engendrer hypertension et infarctus. Et que dire de l’alcool et des bouilleurs de cru ?
L’alimentation, aujourd’hui, est tombée à 15 % du budget, dont moins du tiers revient à l’agriculteur, et on vit 10 à 20 ans de plus. Cela n’a fait qu’accroître l’inquiétude ! Pas celle du changement climatique, tant il est agréable de passer une Toussaint au soleil ! En revanche, 80 % craignent le glyphosate, « cancérogène probable » selon certains. Personne, bien sûr, ne prônera le risque éventuel d’un cancer, mais bien peu se poseront des questions sur les effets de la disparition du glyphosate et sur l’éventualité de sa réduction grâce aux progrès, notamment de la robotique, capable de conduire à n’en utiliser qu’un litre et demi à l’hectare, le rendant moins risqué qu’un copieux repas d’anciens combattants !
Pendant ce temps, on voit le « bio » s’envoler et notre ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, tenter dans son livre La Première graine (Calmann-Lévy) de promouvoir le lien entre les tendances extrêmes de la production, sous le nom « d’agroécologie », espérant que son ancien ministère deviendra celui de la photosynthèse propre à remplacer les émanations destructrices du climat.
Car comment nourrir le monde sans détruire la planète ? Là est la vraie question posée par la mondialisation. Le bio demande plus d’espace et de richesses que la terre ne peut en produire, l’agro chimiquement enrichi risque d’aider à la destruction climatique. Entre mourir de faim et mourir d’un air empoisonné, force est de trouver une issue pour les hommes, et comme chantait Verlaine : « Tout le reste est littérature ».