Une communauté Emmaüs est souvent un microcosme de la société. Elle témoigne des excès consuméristes et du gaspillage, mais permet de rencontrer des personnes aux parcours aussi divers qu’étonnants.
La semaine passée, je croise André, 79 ans, client d’Emmaüs Lescar-Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui vient chaque jour acheter pour 20 ou 50 € d’objets en tout genre. Cet amateur de voitures anciennes collectionne les objets insolites et veut en faire un musée. Une véritable addiction ! Son antre est un véritable capharnaüm où sont empilées des dizaines de milliers d’objets et ses quelques créations artistiques, à vous donner le vertige !
Le même jour, je rencontre Florence. Allure bon chic bon genre, famille bourgeoise, diplômée de Sciences Po-Paris, cette mère de famille, divorcée, a travaillé dans la finance avant de devenir psychothérapeute. Elle est engagée dans le mouvement alternatif Bizi ! (Vivre ! en langue basque) et coache des entreprises sociales et solidaires. Récemment, elle a passé trois semaines dans la communauté Emmaüs. Son bonheur est désormais dans la simplicité, le dénuement, la rencontre…
Beaucoup, comme Florence, se veulent, pour la vie ou le temps des vacances, en rupture avec cette société du trop de tout : trop d’accumulations et de préoccupations, trop de bouffe et d’argent, trop de complexité et de superficialité. Ils prônent un idéal de sobriété sur les traces de ces apôtres du dépouillement : d’Épicure, qui, considérait que : « Parmi les désirs, tous ceux dont la non-satisfaction n’amène pas la douleur ne sont point nécessaires », à Pierre Rabhi, en passant par Henry-David Thoreau, cet adepte de la contemplation de la nature qui avait choisi de vivre dans les bois dans une cabane de 13 m2, expérience racontée dans son livre Walden.
Mais le cheminement n’est pas facile car derrière la simplicité, qui n’est pas synonyme de facilité, se cache une démarche complexe. Picasso ne disait-il pas qu’il avait passé toute sa vie à apprendre à dessiner comme un enfant…