Une célébration et une décision contradictoires ont marqué le mois de juin. Le 6 fut commémoré le débarquement allié en Normandie, alors que nous venions d’apprendre que les États-Unis, ou tout au moins leur président, avaient renié la décision prise à l’échelle mondiale d’adhérer à la COP21, par laquelle on voulait tenter de limiter la hausse générale des températures. Ceux qui ont l’âge de se souvenir de la Libération savent à quel point leur vie et leur environnement furent bouleversés en un instant par l’apparition des troupes américaines. Que ce pays, incontestablement le premier par la richesse et la modernité, après avoir apporté à beaucoup le bonheur de vivre, risque de détruire une part de vie sur terre par la sécheresse et les inondations, constitue une énigme à l’échelle humaine. Le plus contradictoire, c’est qu’un peuple constitué à l’origine de migrants, se ferme sur lui-même, dans la crainte que d’autres migrants ne viennent perturber la société qu’il a élaborée. Cette fermeture, plutôt cet isolationnisme, nous l’avons ressentie lorsqu’avec un groupe de lecteurs de La France agricole, nous sommes allés visiter les exploitations du cœur des États-Unis. L’accueil fut remarquable, mais lorsque nous proposâmes de recevoir à notre tour nos hôtes en Europe, nous perçûmes une indifférence qui nous fit penser que l’Amérique se suffisait à elle-même. L’abus de richesses cumulées a-t-il tourné les esprits ? Non, sans doute, quand on voit des milliardaires comme Bill Gates redistribuant une part de leurs acquis et quand on peut lire sous la plume d’Axel Poniatowski qu’aux Etats-Unis « il est mal considéré pour toute personne un peu fortunée de tout laisser à ses enfants. » Non, les Etats-Unis ne sont pas fermés sur eux-mêmes et le président Trump n’est peut-être qu’un de ces accidents de parcours que l’histoire s’empressera d’oublier.