C’est avec gourmandise que je me suis plongé dans l’ouvrage Le génie de la bêtise (1) de Denis Grozdanovitch , champion d’échecs. Sans doute n’est-ce pas la première fois qu’on découvre que des esprits simples peuvent dire le vrai, mais le foisonnement d’exemples truculents a quelque chose de réjouissant, notamment pour ceux qui sont passés à côté des « grandes écoles ».

Encore aurait-on préféré évoquer la bonne vieille « sottise », car la « bêtise » nous vient de l’animal qu’on affubla du terme d’instinct, alors qu’il nous devance par son flair, sa capacité de communiquer sans paroles et de se situer sans boussole dans l’espace. Dans  Le génie de la bêtise , il ne s’agit nullement de nier le progrès ni la performance intellectuelle de cerveaux exceptionnels, mais justement, il se trouve que les cerveaux qui ont changé la perception du monde n’avaient pas, ce qu’il est convenu d’appeler, « la grosse tête ».

Ainsi Galilée, qui révéla les mouvements du cosmos, disait : « Je n’ai jamais rencontré d’homme si ignorant qu’il n’eut quelque chose à m’apprendre », et Einstein, qui trouva l’équivalence entre masse et énergie, fut un élève médiocre et un modeste salarié au bureau des brevets, à Zurich.

Par-delà les raisonnements parfois cocasses qui trouvent brillamment des solutions complexes à des questions simples, nous nous sentons emmenés dans le tourbillon d’écrits et de paroles développés à l’infini, et qui nous laissent dans le brouillard ou pire encore, devant le mur. Nous nous tournerons alors vers ce qu’on appelle le sens commun ou le bon sens, sans oublier que ce qu’on nomme « bon sens » peut se limiter à nos convictions personnelles. Aussi, est-ce en observant l’harmonie de la nature faite de lente maturation qu’on pourra s’imbiber de la modestie qui ouvre le chemin d’une véritable intelligence.

(1) Editions Grasset.