Alerte, tous aux abris ! Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les sirènes annonçaient les bombardements (allemands, puis américains). Les Français vivent aujourd’hui sous la menace de l’alerte pollution et de l’alerte attentats. Mais une des dernières alertes porte sur les bonbons. Les bonbons remplis de colorants suspects. Que dis-je, suspects ? Effrayants. En cause, le dioxyde de titane, numéroté E171, ajouté pour vivifier les couleurs. Mais un colorant qui fait grossir les rats, qui passe les barrières intestinales et pulmonaires, qui accroît les risques de cancer, qui monte au cerveau.
On se doutait bien que les tagadas tout roses avaient un petit quelque chose de pas très naturel. On se doutait aussi que les coquillages roudoudous n’avaient pas été pêchés en mer. On s’étonnait des mistrals gagnants qui chatouillaient le palais, tellement c’était acide… Mais là, c’est encore pire. C’est traître. Il paraît qu’Emmanuel Macron, au cours de sa campagne électorale, aurait commandé 17 kg de fraises tagadas à distribuer aux enfants avant un meeting. Une opération médiatique à double tranchant, du coup ! Bref, la guerre à l’E171 est déclarée. Avec deux hypothèses.
La première est que l’affaire se dégonfle. En 2000, le professeur Maurice Tubiana, un des spécialistes mondiaux de la radiobiologie, considérait que « les médias accueillent volontiers les myriades de prophètes qui excitent les peurs du monde ». Peu importe la confusion entre risque et danger, la non-prise en compte du facteur d’incertitude lié à la sensibilité des espèces, l’absence de valeur de référence et d’étude épidémiologique. Les géants de la confiserie mondiale ont la sagesse de reculer. Inutile d’ergoter, la bataille médiatique est déjà perdue.
La seconde est que le parfum de fraise serait aussi celui du scandale. Place aux colorants naturels bio : le jus de coccinelle qui donne un côté laqué, la cochenille écrasée qui donne un rouge carmin, les glandes anales de castor qui ont un petit goût de framboise…
par Nicolas-Jean Bréhon