«J’ai commencé à mettre des génisses en pension en 2016. Sans cette solution, j’aurais dû supprimer l’atelier allaitant », a expliqué Jérôme Palicot devant 160 producteurs réunis le 5 février à Louverné, en Mayenne, pour la journée départementale « lait ». En Gaec avec son épouse, l’éleveur exploite 110 hectares à Sacé, au nord de Laval. Le couple, qui produit 420 000 litres de lait et de la viande bovine (vingt vaches allaitantes) a conclu un contrat de délégation de deux ans pour dix-sept génisses. « Nous avons gagné du temps dans la distribution des fourrages et la surveillance des animaux, notamment au moment des chaleurs, a déclaré l’éleveur. Nous avons aussi moins de charges alimentaires. Sur le plan technique, je n’ai pas rencontré de problème particulier. Les treize bêtes parties en 2016 commencent à réintégrer le troupeau et se réadaptent très vite. »

Du temps économisé

Peu courante en Mayenne, « la mise en pension de génisses se développe du fait d’une augmentation de la taille des troupeaux », observe Hervé Cormier, conseiller Seenovia. L’organisme qui gère la prestation estime à deux cents le nombre de génisses actuellement concernées. Le chiffre correspond à douze éleveurs-naisseurs, qui économisent ainsi vingt heures de travail par animal et par an. « Pour un contrat de vingt-cinq génisses, cinq cents heures de travail sont ainsi gagnées, soit un tiers-temps salarié, ou bien 9 300 € », souligne-t-il. Cinq éleveurs – dont quatre anciens producteurs de lait – se sont spécialisés dans cet élevage. « Pour répondre à la demande en 2019, il en faudrait deux, voire trois de plus », confie Hervé Cormier.

La délégation d’élevage n’est pas la seule manière de réduire le temps de travail. Le 5 février à Louverné, d’autres pistes ont été explorées : la délégation des travaux de cultures à une Cuma, la réduction de l’écart entre deux traites ou l’optimisation de la distribution des fourrages. « Nous avons besoin d’aller plus loin, car nos outils sont saturés, et nous aussi », a martelé Karine Forêt, agricultrice et présidente de Seenovia Mayenne.

Anne Mabire