Le projet « La Carne de Pastizal » a été lancé en 1999, sous l’impulsion de la fondation Vida Silvestre, une ONG environnementale argentine. Son objectif : la production de bovins nourris uniquement avec de l’herbe naturelle. Des éleveurs d’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Paraguay ont adopté ce système de production, qui s’est révélé efficace et rentable. Les éleveurs découvrent les avantages économiques et environnementaux à s’éloigner des systèmes classiques d’engraissement.
« Les vaches prennent du poids plus rapidement, cela préserve la biodiversité et c’est rémunérateur pour le producteur », explique Pablo Preliasco, coordinateur du programme. En Argentine, un kilo de bœuf « traditionnel » est vendu 4,15 €. Le bœuf nourri naturellement est commercialisé 5,20 € le kilo et la demande des consommateurs est bien là.
Elizabeth Cesar élève des vaches à Lavalleja, au sud-est de l’Uruguay. Avant de nourrir son troupeau à l’herbe naturelle, elle avait recours à une méthode intensive. Elle est contente d’avoir fait ce choix. « Notre temps de travail a été réduit. Nos 337 vaches issues d’un croisement d’Hereford et d’Aberdeen-Angus sont plus dociles et nous produisons une viande de meilleure qualité », explique-t-elle.
Demande mondiale
La demande mondiale pour le bœuf nourri naturellement est croissante, même si le programme n’est pas certifié biologique. « L’année dernière, l’Uruguay a commencé à exporter sa production vers l’Europe, notamment aux Pays-Bas », déclare Esteban Carriquiry, éleveur de vaches et coordinateur du programme en Uruguay, où 48 éleveurs sont impliqués dans cette démarche.
« Le pays produit mensuellement 10 t de bœufs nourris à l’herbe, 500 bêtes sont abattues. Ce système de production représente une économie moyenne de 20 % pour les producteurs et permet d’arrêter la conversion des terres naturelles en cultures intensives, destinées au fourrage ou à l’alimentation animale. » Lorena Sforza est ingénieure agronome et coordonnatrice du programme « La Carne de Pastizal » au Paraguay. Elle veille à ce que l’utilisation des prairies profite à la population, aux économies locales et à l’ensemble de l’écosystème. « Nous insistons sur l’importance d’une bonne rotation des animaux, de la protection et du suivi des prairies afin que les projets de conversion soient une réussite. Ceux qui ont franchi le pas ne le regrettent pas. »