Les propositions pour le prochain cadre budgétaire européen arriveront fin mai, a promis la Commission. Devraient suivre, à la fin du mois de juin, des propositions de réforme de la politique agricole commune. Malgré sa volonté de précipiter l’agenda, il semble difficilement envisageable pour Bruxelles de ne pas respecter le Parlement européen : comment mettre sur la table des propositions législatives, sans attendre une quelconque réaction officielle de la part des députés à la communication sur l’avenir de la Pac, présentée fin novembre ?

Les rapporteurs parlementaires sur ce texte, Herbert Dorfmann (PPE, démocrate chrétien) et Clara Aguilera (S & D), viennent à peine d’être nommés. Il leur faudra, a minima, cinq mois pour analyser précisément les orientations proposées par la Commission européenne et parvenir à une réaction commune du Parlement en la matière.

À compter du mois de juin, il restera, au mieux, neuf mois, y compris les vacances d’été, pour négocier la future Pac avant les élections européennes. Car l’ensemble des accords politiques qui seront votés sous cette législature doivent être trouvés avant le mois de mars 2019.

De nombreux députés européens, conscients de la difficulté à trouver des compromis, alors qu’un climat pré-électoral se fait déjà sentir dans les allées du Parlement de Strasbourg, estiment peu raisonnable de la part de la Commission de présenter des propositions formelles.

Pour autant, la machine institutionnelle est bel et bien lancée. Et elle fait preuve d’une certaine créativité pour faire avancer plusieurs idées aux forceps, en particulier celle du « nouveau mécanisme de mise en œuvre ».

Sans attendre qu’une quelconque réforme ait été adoptée, ni même énoncée, le commissaire à l’Agriculture a proposé aux États membres de préparer la mise en œuvre de la future Pac ! La création d’une « task force » au sein de la Commission, chargée d’aider les États à mettre en œuvre la prochaine Pac, a été annoncée par l’exécutif européen.

Mais sur quelle réforme s’agit-il de travailler ? Personne n’en a encore vu les contours précis. Et il semble, plus que jamais, que le diable se cache dans les détails, dès lors que Bruxelles a choisi de placer le débat sur le terrain périlleux des compétences entre institutions européennes, nationales ou locales, et de faire de la subsidiarité, de la flexibilité ou de la renationalisation le cœur du débat sur l’avenir de l’agriculture européenne.