Si, dans l’ensemble, l’orientation donnée par le commissaire européen Phil Hogan pour la Pac post-2020 trouve un écho favorable outre-Rhin, des inquiétudes se font entendre. Et la Semaine verte de Berlin, grand rendez-vous agricole allemand qui réunit chaque année 360 000 visiteurs, fut l’occasion de les appuyer.
Haro sur la renationalisation
En marge du salon, Joachim Ruckwied, chef de file du DBV, syndicat majoritaire, a indiqué craindre en particulier une « renationalisation » pouvant conduire à des « distorsions de concurrence ». Le ministre de l’Agriculture, Christian Schmidt, a appelé Bruxelles à « encadrer étroitement la marge de manœuvre » donnée aux États membres.
« La mise en œuvre en Allemagne suppose de toute façon de trouver au préalable un accord au sein de la coalition, et ensuite avec les Länder, qui ne vont pas se presser… », a précisé Peter Bleser, secrétaire d’État depuis 2011. Côté producteurs, les éleveurs laitiers ont réclamé un filet de sécurité pour leur marché spécifique, alors que les perspectives s’assombrissent de nouveau pour eux en 2018, après une embellie des prix l’an passé.
Le social-démocrate Till Backhaus a, de son côté, suggéré une prime de base de 100 euros par hectare, valable pour toute l’UE, avec des suppléments pour aider les jeunes agriculteurs et les petites exploitations. Il a aussi défendu une meilleure rémunération des agriculteurs pour des prestations à caractère environnemental et sociétal (bien-être animal, biodiversité, qualité de l’eau, climat). S’opposant aux fermes intensives, le responsable allemand a enfin proposé une prime de 70 euros par bovin ou caprin, avec un maximum de deux têtes par hectare. Et si sa formule n’a pas été retenue, il est parvenu tout de même à convaincre les responsables agricoles allemands de s’ouvrir à des corrections des primes forfaitaires versées jusqu’ici.