Soucieux de prendre du recul par rapport à l’agenda budgétaire, le groupe politique du Parlement européen le plus important – le Parti populaire européen (PPE) – a dégainé le premier en adoptant, le 4 septembre, à Copenhague, sa position pour une Politique agricole commune « stratégique, tournée vers l’avenir et bien financée ». Ce texte marque la première contribution portant une cohérence d’ensemble sur les défis agricoles et alimentaires auxquels est confrontée l’Union européenne.

Outre qu’elle est le fruit d’un travail de longue haleine – un processus d’un an et demi, une dizaine de réunions à haut niveau avec de nombreux experts d’horizons très divers –, cette prise de position est d’autant plus importante qu’elle est également le fruit d’un travail à quatre mains entre le ministre de l’Agriculture allemand, Christian Schmitt, et le député européen Michel Dantin, co-présidents du groupe de travail.

Dans un contexte de « Commission plus politique », comme le répète à l’envi son président, Jean-Claude Juncker, du PPE lui-aussi, il serait surprenant que cette même Commission européenne ne s’en inspire pas, alors qu’elle est actuellement en pleins préparatifs de sa communication sur l’avenir de la Pac, dont la présentation est désormais annoncée pour la fin novembre.

Dans ses grandes lignes, le document d’une quinzaine de pages défend sans concession le principe d’une Pac forte au niveau européen, afin d’éviter la concurrence déloyale entre agriculteurs sur le marché unique. Dénonçant des contrôles « kafkaïens » et une bureaucratie désormais intenable, le PPE appelle à une simplification en profondeur pour ne pas mettre en péril la légitimité de cette politique.

Réaffirmant avec force la nécessité du maintien des deux piliers et de l’orientation vers le marché, le PPE demande un clair renforcement de la boîte à outils communautaire pour relever le défi de la volatilité. Outre les paiements directs « éléments de base de la stabilité », le PPE appelle au développement d’outils complémentaires et sur mesure pour la gestion des risques : assurances climatiques, outils de stabilisation des revenus et épargne de précaution. En parallèle, il suggère le développement d’une véritable réserve de crise, hors du budget de la Pac, qui permet d’agir avec force sur les marchés en cas de crise.

Enfin, en matière de durabilité et de compétitivité, le groupe appelle la Pac à se tourner vers l’avenir en faisant le pari de la double performance économique et environnementale. Il plaide notamment pour le maintien des aides vertes dans le premier pilier, mais demande leur modernisation à travers une approche de résultat, le développement de la certification et la meilleure prise en compte du potentiel lié à l’innovation et de l’agriculture de précision.