Glyphosate, recommandations nutritionnelles , techniques de sélection variétale innovantes… Sur quelles bases appuyer la décision européenne ? Cette question est devenue d’autant plus centrale que la Commission européenne – qui se veut plus « politique » – refuse désormais de prendre les coups de l’opinion publique à la place des États membres.
Sur le glyphosate, tiraillée entre une pétition forte de 750 000 signatures militant pour une interdiction et les avis répétés des agences d’évaluation en faveur d’une autorisation, Bruxelles vient d’opter pour une approche médiane : proposer une ré-autorisation de dix ans au lieu de quinze, comme il est d’usage, peut-être pour finir à sept ans, comme l’a suggéré le Parlement ?
La balle est désormais dans le camp des experts des États membres, qui verront bientôt arriver sur leur bureau un autre épineux dossier, celui des critères de définition des perturbateurs endocriniens proposés par la Commission. Il s’agira là du premier dossier agricole sensible pour la nouvelle équipe gouvernementale française. Lors d’un vote indicatif sur ce dossier il y a quelques jours, l’expert français avait opté pour la politique de la chaise vide. Qu’en sera-t-il le 30 mai ? Plus d’un millier de substances utilisées pour la protection des plantes pourraient être remises en cause.
Autre question en suspens, celle de l’avenir des insecticides néonicotinoïdes, que la Commission a proposé d’interdire. Alors que l’Agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA) doit rendre son avis en novembre, une douzaine de députés de la commission de l’Agriculture du Parlement européen sont mobilisés. Ils alertent sur l’absence de solution alternative pour un grand nombre de cultures importantes, telles que les pommes de terre, les betteraves, les céréales et certains fruits et légumes.
Les agriculteurs vont devoir s’habituer aux aléas politiques sur ces questions, avec l’ensemble des incertitudes associées, tout au moins tant que règne un tel niveau de défiance tant à l’égard des organismes d’évaluation des risques qu’à l’encontre des décideurs, gestionnaires du risque.