Trouble anormal du voisinage. C’est sous ce « chef d’accusation » qu’une dizaine d’agriculteurs s’apprête à porter une action en justice contre RTE en mettant en cause les nuisances causées par différents types d’ouvrages à leurs élevages. « Conformément à la procédure, nous allons d’abord adresser une réclamation dans les jours qui viennent. Ensuite, nous saisirons la justice », expliquait, le 29 janvier, Me François Lafforgue (avocat qui a notamment défendu l’agriculteur Paul François contre Monsanto).

Ce jour-là, une conférence était organisée à Juvigny-Val-d’Andaine (Orne) par l’Anast, chez l’un de ses adhérents et plaignant, Alain Crouillebois. « Chaque cas est défendu individuellement, mais nous lançons les procédures simultanément comme pour les victimes de l’amiante (N.D.L.R. que son cabinet a également défendu) », complète l’avocat.

Crise sanitaire nationale

Pour l’Anast, il est indispensable que le sujet soit, enfin, considéré comme une crise sanitaire nationale. Retards de traite au robot, taux de cellules, problème de croissance des veaux, etc. Pour espérer gagner dans cette bataille qui s’annonce du pot de terre contre le pot de fer, les éleveurs doivent chacun réunir un faisceau d’indices, notamment au travers de l’évolution de différents indicateurs. Une jurisprudence existe depuis qu’un éleveur est parvenu à faire reconnaître la responsabilité de RTE en 2015. Pour Alain Crouillebois, la responsabilité du Réseau sur les résultats de son troupeau semble clairement établie. À sa demande et à ses frais (62 000 euros), le transformateur électrique et la ligne moyenne tension de 20 000 volts installés en 2011 ont été déplacés le 4 juin, à 150 m de ses bâtiments. Depuis lors, ses résultats techniques s’améliorent. Il chiffre à la louche le préjudice total à un million d’euros.

« À l’échelle de la France, les nuisances faites aux élevages se chiffrent en centaines de millions d’euros, évalue Serge Provost, président de l’Anast. Il est donc urgent d’anticiper les problèmes en prenant en compte la géologie dans la mise en place des ouvrages ».Alexis Dufumier