Alors que le groupement d’intérêt public (GIP) chargé de la création du parc des forêts de Champagne-Bourgogne et le ministère de la Transition écologique communiquaient, le 8 novembre, sur les bienfaits attendus du onzième parc national français, un sentiment d’inquiétude, voire d’amertume, régnait chez une partie des agriculteurs de Côte-d’Or et de Haute-Marne.
« 2 500 hectares d’îlots de culture situés au cœur du parc seront soumis à des contraintes nouvelles, explique Thierry Ronot, éleveur laitier, premier adjoint au maire de Lucey et administrateur au sein du GIP. Ces exigences n’auront pas d’autres compensations financières que d’hypothétiques MAE (1), dont on connaît les difficultés de financement. Déjà, 250 hectares de prairies, identifiées par le GIP comme « remarquables » dans le cadre de couloirs écologiques, vont devoir respecter des réglementations particulières. La fertilisation azotée y sera limitée à 40 unités par hectare. Les projets de construction seront soumis à autorisation. Il faudra faire des demandes et obtenir des accords pour ce que les exploitants faisaient au quotidien : élaguer des haies, couper un arbre, etc. Le directeur du parc aura la main. C’est une part de liberté qui disparaît. »
Sans réelle concertation
Depuis 2009, les organisations agricoles – chambre d’agriculture, FDSEA et JA des deux départements – n’ont cessé de dénoncer le manque de concertation qui a préfiguré à la création de cet espace protégé. Une situation que confirmait, il y a quelques mois, le rapport du commissaire enquêteur. Les agriculteurs ne disposaient que de 24 voix sur 680 au conseil d’administration du GIP, contre 396 pour l’administration et les collectivités territoriales. Ils sont pourtant des acteurs primordiaux dans ce territoire en déprise. Des recours administratifs venant de particuliers, mais aussi de plusieurs communes, sont annoncés. « Certains propriétaires ne veulent pas que leurs terres soient intégrées au cœur du parc », précise Thierry Ronot. Il prédit des désenchantements : « Hormis pour le fonctionnement du parc, il n’y a pas de budget dédié au développement. Le financement des projets sera à la charge des collectivités, avec l’appui éventuel de fonds européens. »
Anne Bréhier
(1) Mesures agroenvironnementales