Treize éleveurs, dont la majorité pratiquent la vente directe, se sont réunis le 23 mars à Valdahon (Doubs), pour s’informer sur l’abattage à la ferme, à l’initiative du Gab 25-90, d’Interbio Franche-Comté et de la Confédération paysanne. Motif : le passage par un abattoir agréé, obligatoire en France (1), ne répond pas à leurs attentes. Notamment en termes de « traçabilité totale à garantir aux consommateurs », et de « possibilité d’accompagner au mieux les animaux jusqu’à la fin », a pointé Nuria Loyant, secrétaire du Gab 25-90.
Faire évoluer la loi
Lors de cette réunion, puis de la conférence grand public qui suivait, intervenaient deux éleveurs qui militent en faveur des abattoirs ambulants, inexistants en France. Emilie Jeannin a tout d’abord présenté « Le bœuf éthique », qui se base sur un équipement à l’œuvre depuis trois ans en Suède. « Cet abattoir pour bovins, dans un camion autonome en eau et énergie, comporte cinq opérateurs. Il abattra chez l’éleveur des animaux achetés sur pied, qui seront vendus sous notre marque. Il n’y aura pas de prestation de services. » Ce projet, de plus de 1,2 million d’euros, devrait aboutir cette année.
C’est l’association Quant l’abattoir vient à la ferme, créée par Jocelyne Porcher, de l’Inra, et Stéphane Dinard (2), éleveur en Dordogne, qui a le plus intéressé les exploitants francs-comtois. « Nous fédérons déjà plusieurs groupes d’éleveurs en France, qui souhaitent se réapproprier l’abattage », a expliqué Stéphane Dinard. Il a fait état de 400 éleveurs, de davantage de consommateurs et de 30 vétérinaires adhérents. « Notre objectif est de faire évoluer la loi et d’adopter une démarche adéquate, sans excès de normes. » Leur proposition : de petits camions d’abattage multi-espèces qui fonctionnent avec des abattoirs de proximité (pour les déchets ou la découpe), comme en Allemagne.
(1) L’abattage illégal expose à 15 000 € d’amende et six mois d’emprisonnement.
(2) Stéphane Dinard est passible de sanctions pour abattage à la ferme de ses bovins et porcins.