«Cette année, nous allons faire 1,5 lot au lieu de 3,5 lots de canards. Nous avons vidé le 5 août et nous allons peut-être remplir mi-novembre », se désolent René et Julien Collin, producteurs de lait et de volailles à Bédée (Ille-et-Vilaine). « Une année catastrophique », reconnaît René, qui a démarré la production en 1987. 2019 avait déjà été compliquée après la restructuration de la filière foie gras pour cause de grippe aviaire.
C’est sur cette exploitation que les chambres d’agriculture de Bretagne ont dévoilé les résultats de la dernière enquête avicole du Grand-Ouest (1) lors d’une visite organisée par le Space, le 18 septembre, alors que l’essentiel du salon s’est déroulé sous forme digitale.
« L’enquête analyse des chiffres de l’année 2019. Ils doivent être pris avec du recul, le coronavirus ayant particulièrement chahuté les filières avicoles lors du premier semestre 2020 », alerte Élodie Dezat, conseillère à la chambre d’agriculture de Bretagne.
L’enquête met en avant la poursuite de la réorientation d’un bon nombre de poulaillers export. La majorité des éleveurs qui produisaient du poulet export standard il y a deux ans se sont tournés vers des souches JA (à croissance plus lente), voire du poulet lourd pour répondre à la demande sociétale. Les marges s’améliorent en poulet export classique (MB 43,55 €/m²/an), avec une rotation rapide et une légère diminution des charges variables. Comparativement, elles sont moins bonnes en poulet export souches JA (MB 31,73 €/m²/an) qui peine à atteindre les mêmes performances techniques (taux de perte moins élevé mais IC dégradé). Le poulet standard reste dans la moyenne des années précédentes (MB 34,94 €/m²/an).
Dégradation en dinde
Le poulet lourd sexé a connu une bonne année 2019 avec une marge PA en hausse pour s’établir à 11,615 €/m²/an. « Là encore il faut prendre du recul, car c’est la filière qui a été la plus touchée par le confinement du fait de son orientation sur les marchés de la restauration hors domicile et l’industrie », précise la coordinatrice de l’enquête.
La dinde est toujours à la peine. Malgré des résultats techniques corrects, la marge brute diminue (- 4,7 €/m²/an) liée à une augmentation des vides sanitaires (une semaine supplémentaire par rapport à 2018). I. Lejas
(1) Menée auprès de 177 éleveurs représentant 405 poulaillers en Bretagne, Nouvelle-Aquitaine et Nord-Pas-de-Calais (pas de participation des Pays de la Loire).